Alors que le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour tromperie aggravée sur le scandale des moteurs diesel truqués (LaTribune.fr du 02/10) et que les plaintes se multiplient dans l'Hexagone comme dans le monde entier, Volkswagen peine à réagir.
Le groupe allemand a mis en ligne un site à destination des clients, sans préciser dans un premier temps les conditions du rappel (LesEchos.fr du 03/10), avant finalement d'annoncer que la campagne débuterait en janvier. Pour Les Echos de lundi, chez l'industriel, « on parle désormais d'un 'tsunami', qui pourrait mettre en danger l'existence de l'entreprise (...). Face à la crise, la direction du groupe semble perdre pied et se déchire sur le poste du futur président du conseil (...). L'étroitesse des liens entre l'industrie automobile et la classe politique allemande pourrait porter tort au gouvernement [d'Angela Merkel] et à son parti ».
Le nouveau patron du constructeur a aussi reconnu que les provisions prévues seraient insuffisantes pour faire face à la crise et que « tout ce qui n'est pas nécessaire et urgent sera abandonné ou reporté (...). Je vais être très transparent : cela ne se fera pas sans douleur » (Les Echos du 07/10)...
Mais de ce côté du Rhin, la gestion de la crise laisse également songeur. Si la ministre de l'Environnement Ségolène Royal avait effectivement relancé la question de l'augmentation des taxes sur le diesel dimanche dernier sur France 5 - « un jour ou l'autre, il faudra en terminer avec le diesel » - elle avait néanmoins bien pris soin de préciser que « ce qu'il faut, c'est programmer les choses sur cinq ans ».
L'objectif était alors d'accompagner cette sortie de bonus plus importants pour l'achat de voitures propres. Mais d'ores et déjà, nous apprenaient mercredi Les Echos, plusieurs amendements au projet de loi de Finances ont été déposés par des députés socialistes pour accroître la fiscalité du diesel.
Résultat : la ministre change d'avis, déclarant mercredi réfléchir dès à présent à « une baisse des taxes sur l'essence et une augmentation sur le diesel » afin de les « égaliser » (LesEchos.fr du 07/10). Et peu importent le profil moyen modeste des détenteurs de diesel et l'incohérence d'une politique qui, après avoir encouragé fortement ce carburant pour soutenir les constructeurs français, le voue désormais aux gémonies.
Lors d'une interview à RTL mercredi, le Premier ministre Manuel Valls, qui clamait trois jours avant « nous devons tous et toutes être extrêmement vigilants pour ne pas faire de ce scandale Volkswagen un scandale diesel », a déclaré que « rapprocher la taxation sur le diesel et l'essence est un débat légitime » et qu'il « réunirait cette semaine plusieurs ministres pour évoquer les solutions qu'ils pourraient proposer sans que cela ne représente un coût supplémentaire pour les usagers, et sans que cela ne puisse représenter un danger, une mise en cause des emplois dans l'industrie automobile ».
Non seulement on est curieux de voir comment ils comptent s'y prendre, mais si la solution est d'inciter à passer aux véhicules « propres », comme l'avançait Madame Royal dimanche, le moins que l'on puisse dire est que cela démarre très mal comme le révèlent Les Echos jeudi : « en termes de timing, on peut sans doute faire mieux. En plein scandale Volkswagen, le gouvernement revoit à la baisse les bonus dédiés à l'achat de véhicules 'propres' – les voitures hybrides, hybrides rechargeables et électriques »...
« Pour Macron, les Américains veulent "affaiblir l'industrie automobile européenne" », titrait LaTribune.fr le 1er octobre. Le ministre soupçonne en effet les constructeurs automobiles US d'attaquer leurs homologues européens en faisant du scandale Volkswagen le scandale du diesel. La stratégie fonctionne si bien que même lui semble s'y être laissé prendre...
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