Huit organisations patronales, parmi lesquelles le Medef et la CGPME, ont lancé le week-end dernier dans le Journal du Dimanche un « cri d'alarme » à l'exécutif pour appeler à la mise en œuvre rapide du Pacte de responsabilité.
Elles demandent à « inclure de manière explicite et rapidement » dans la loi les promesses sur une baisse des charges et de la fiscalité, et que soient « retravaillés » les textes sur la pénibilité et « ajustées » les dispositions sur le temps de travail.
Elles revendiquent aussi un « moratoire » sur tout texte susceptible de durcir la réglementation ou d'augmenter les contrôles sur les entreprises.
Enfin, les signataires exigent des « réformes structurelles », sans « tabous » ni « dogmes », pour réduire la dépense publique.
Comme le souligne LeParisien.fr, « cet appel est publié dans un contexte tendu. Au plan politique, le gouvernement est confronté à une fronde de députés socialistes [qui] ont déposé de nombreux amendements sur les textes budgétaires actuellement discutés à l'Assemblée, qui concrétisent les promesses du Pacte (...) ainsi que sur les 50 milliards d'euros d'économies annoncés par l'exécutif.
Au plan social, la tension monte avant la conférence sociale des 7 et 8 juillet, que le patronat a menacé de boycotter. Le numéro un de la CFDT (...) a répondu que dans cette éventualité, il faudrait 'mettre fin au Pacte de responsabilité', qui consiste à lier les aides aux entreprises à des contreparties sociales, qui doivent être négociées entre patronat et syndicats ». Le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg a fustigé ce « cri d'alarme » dès dimanche lors d'une interview à BFM TV : « nous sommes en train de voter, au prix de difficultés politiques, des baisses de prélèvements sur les entreprises et c'est à ce moment-là que les entrepreneurs disent : 'ce n'est pas assez'. Je ne comprends pas (...). Nous avons déjà fait énormément », a-t-il ajouté, en faisant valoir notamment la création du crédit d'impôt compétitivité-emploi (CICE).
« On n'a jamais autant entendu les patrons qu'en ce moment. Je ne les ai jamais entendus sous Nicolas Sarkozy. Pourtant nous avions les mêmes problèmes, si j'ai bien compris », a-t-il ironisé, en rappelant que les annonces sur le Pacte dataient de janvier seulement (Challenges.fr du 30/06).
Lundi, sur Europe 1, Pierre Gattaz a de nouveau menacé de « boycotter » la conférence sociale s'il « n'obtient pas les réponses aux questions » que le Medef « pose depuis des mois » sur certains points, comme la pénibilité du travail ou le temps partiel (UsineNouvelle.com du 30/06). Il se fait épingler mardi, dans la foulée, par L'Humanité sur l'ampleur de l'optimisation fiscale de Radiall, son entreprise, dont il a réussi à faire passer les impôts de 25 à 3% en transférant la plus grande partie de la plus-value à ses filiales à l'étranger alors qu'il bénéficie de 876 000 euros au titre du CICE et qu'il augmente les dividendes (NouvelObs.com du 01/07)...
Finalement, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé mercredi un report partiel à 2016 de la mise en place du compte pénibilité, initialement prévu pour le 1er janvier 2015 (NouvelObs.com du 02/07). Un recul jugé « inacceptable » par les syndicats qui l'accusent d'avoir cédé au chantage du Medef (NouvelObs.com du 02/07). Un article de L'Usine Nouvelle consacré à ce fameux compte de pénibilité le qualifie de véritable « usine à gaz ».
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