Selon une enquête d'opinion auprès des chefs d'entreprises industrielles réalisée par l'institut Markit, la conjoncture s'améliore partout dans la zone euro... sauf en France. L'Hexagone est en effet le seul pays dans lequel le recul de la production s'accélère, où le nombre de nouvelles commandes en novembre baisse et où les ventes à l'export se replient (Les Echos du 03/12).
Comment s'étonner, dès lors, que les patrons hexagonaux ne croient pas en la reprise économique annoncée par le gouvernement ? D'après un autre sondage réalisé par Viavoice pour Les Echos, Radio Classique et CCI France, 82% des dirigeants interrogés ne se déclarent « pas confiants » pour l'économie française. Un chiffre qui s'envole de 13 points par rapport à octobre et qui est proche d'un record absolu...
Toutefois, 65% se disent « confiants » en ce qui concerne leur société. Plus de la moitié (51%) des sondés pensent que l'attitude du gouvernement à l'égard des préoccupations des entreprises a évolué « dans le mauvais sens » ces derniers mois, contre 43 % un an plus tôt (Les Echos du 05/12). Dans le même ordre d'idées, et cette fois-ci selon l'Insee, les patrons prévoient de réduire de 7% leurs investissements sur 2013 et anticipent un nouveau repli de 2% pour 2014.
Pour Thibaut de Jaegher, qui réagissait lundi à cette annonce sur le site de L'Usine Nouvelle, « s'il fallait un signal d'alarme pour susciter un sursaut du gouvernement, en voici un autrement plus impactant que les mouvements antifiscaux qui secouent notre territoire depuis quelques semaines. Le fort repli de l'investissement montre une fois de plus que nos entreprises (les grandes et surtout les plus petites) sont exsangues, que leur taux de marges est trop bas pour assurer le renouvellement de leurs équipements. Faute de réaliser des bénéfices suffisants, elles freinent leur budget d'investissement. Ce qui, à terme, rend ces entreprises moins performantes que leurs voisines étrangères qui, elles, ont continué et continuent de mettre à niveau leur outil de production, leur usine ou leurs produits. Ce signal est également inquiétant car c'est de notre avenir industriel dont il est ici question. En rognant sur son budget investissement, l'industrie française est rentrée dans un cercle vicieux : elle ne parvient plus à se mettre à niveau et propose du coup des produits dépassés. De cette spirale, elle ne pourra sortir que grâce à un électrochoc. Les 20 milliards du CICE en 2014 peuvent-ils jouer ce rôle ? Les patrons l'espèrent mais en doutent ».
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