Le gouvernement français cherche actuellement des solutions pour éviter la liquidation du célèbre carrossier qui entraînerait la suppression de 1 000 emplois directs à Cerizay, dans les Deux-Sèvres, auxquels ajouter un millier d’autres chez ses sous-traitants. En effet, l’indien Argentum Motors, censé reprendre 60 % du capital, semble finalement s’être retiré, n’ayant pas obtenu les crédits nécessaires. La production pourrait être réorientée notamment vers les voitures électriques (LeFigaro.fr, LesEchos.fr et LeParisien.fr du 23/03). Heuliez bénéficie en outre du soutien de personnalités politiques régionales influentes au niveau national, comme Ségolène Royal et Jean-Pierre Raffarin (Liberation.fr du 23/03). Hasard ou coïncidence de ce lobbying, alors qu’UsineNouvelle.com du 23 mars affirmait que le Fonds Stratégique d’Investissements (FSI) n’interviendrait pas, l’Etat se déclarait finalement prêt à investir 10 millions d’euros par ce biais à condition qu’un tour de table de tous les intéressés soit organisé et que l’entreprise présente « un projet industriel réaliste ». Malgré cette intervention de l’Etat et celle de différents investisseurs, il manquerait en effet toujours plus de 20 millions pour atteindre les 45 dont l’entreprise a besoin et un démantèlement ne serait pas exclu (La-Croix.com, UsineNouvelle.com, 20Minutes.fr, LeMonde.fr et LeParisien.fr du 24/03). Aussi les salariés se sont-ils montrés déçus suite à la visite de Luc Chatel mercredi à Cerizay : selon le délégué CGT, « il a échoué, il n’a rassuré personne, car l’aide ne nous sera versée que si nous trouvons d’autres partenaires (…). Luc Chatel dit qu’ils vont consulter Peugeot et Renault. Le problème, c’est que ce sont eux qui nous ont mis dans le marasme actuel (…). L’annonce de Nicolas Sarkozy n’est qu’un effet de manche. Ils disent vouloir nous aider mais le gouvernement n’y croit pas » (UsineNouvelle.com du 25/03).

Or, comme le fait remarquer Fabrice Frossard dans UsineNouvelle.com du 23 mars, l’enjeu est de taille : pour lui, « l’issue que connaîtra l’entreprise (…) sera indicative de l’avenir de centaines d’entre elles en France (…). Heuliez fait figure de porte-drapeau de ces entreprises moyennes que la France appelle de ses voeux (…). Qui plus est, Heuliez est une société innovante ». Elle développe en effet pour les constructeurs des véhicules performants. Mais, si « son bureau d’étude tourne à plein, l’unité de production du carrossier reste au bord de la route, lâchée par des constructeurs français préférant ouvrir une usine en Europe de l’Est ou Dieu sait où plutôt que de pourvoir à la survie de l’usine d’Heuliez en lui confiant la mise en oeuvre de ses développements.  Oui, Heuliez est emblématique. Cette entreprise préfigure ce que certains appellent de leurs voeux : une disparition progressive de la production locale au profit des services et la fameuse économie de l’immatériel, de la connaissance… Celle qui induit une disparition de la production faute d’investissements, mais aussi par un manque d’équité entre partenaires, indispensable au maintien de l’écosystème ».