La nouvelle faisait la une de tous les médias lundi matin (30 mars 2009).
Christian Streiff, le PDG de PSA, était évincé après deux années passées à la tête du groupe et remplacé par Philippe Varin, qui vient de redresser le sidérurgiste Corus et de le vendre à l’indien Tata Steel. La rumeur, que nous avions relayée, enflait depuis quelques temps. Affaibli par un accident vasculaire cérébral l’an dernier, Christian Streiff était très décrié en raison de ses méthodes jugées autoritaires et individualistes par nombre de cadres du groupe, des piètres performances de PSA dans ce contexte de crise que ses choix hasardeux auraient accentuées, de sa supposée méconnaissance du secteur, de ses erreurs de communication et de ses mauvaises relations avec le clan Peugeot, les banquiers et le gouvernement (LeParisien.fr, 20Minutes.fr et Liberation.fr du 30/03). Il juge pour sa part cette décision « incompréhensible » et estime que ses résultats permettent au groupe d’être « bien armé face à la crise » (LExpress.fr, LeFigaro.fr et LaTribune.fr du 30/03). Dans un entretien accordé aux Echos, il affirme avoir été « mis devant le fait accompli », alors qu’il n’avait eu « aucun différend avec le conseil, ni sur la stratégie, ni sur les actions menées, ni sur les résultats » (LeMonde.fr et LeFigaro.fr du 31/03).
Raphaële Karayan, dans UsineNouvelle.com du 30 mars, met très intelligemment ce changement de direction en perspective : en effet, comme nous l’avions signalé, des rumeurs persistantes, amplifiées par le recrutement récent d’un spécialiste des fusions-acquisitions, font état d’un éventuel rapprochement avec un autre constructeur. Dans cette optique, l’expérience de Philippe Varin chez Corus serait tout sauf négligeable : « une expérience de fusion à grande échelle, un redresseur d’entreprise en difficulté… PSA aurait-il trouvé (…) son Carlos Ghosn ? Quel objectif justifie de déstabiliser le management d’une société en pleine période de crise ? ». David Barroux part de la même idée pour la développer le 31 mars dans LesEchos.fr : « l’ancienne stratégie de multiplication de ponctuelles alliances d’intérêts ayant prouvé ses limites, le rival du tandem Renault-Nissan va devoir rapidement finaliser une acquisition ou un mariage lui permettant de franchir un nouveau palier (…). Les choix s’annoncent à la fois risqués et coûteux. Risqués car les mariages sont toujours plus difficiles à mettre en oeuvre en période de crise. Et coûteux car la débâcle économique actuelle a vidé les caisses et tari les sources de financement habituelles. Pour changer de dimension, les héritiers Peugeot vont devoir répondre à la plus douloureuse des questions : faut-il accepter de se laisser diluer pour assurer le développement de l’entreprise ? ».