Cela ne vous aura pas échappé : depuis le MIDEST, la France a changé de ministre chargé de l’Industrie. Que faut-il en attendre ? Au-delà des réactions politiques et syndicales, retenons l’avis de Laurent Guez, le directeur de la rédaction de L’Usine Nouvelle, tel qu’il l’expose dans le numéro du 17 novembre :
« 510 jours, c’est bien peu pour changer l’industrie. D’autant que –comme la société– elle ne peut guère se changer par décret. Nommé le 23 juin 2009, remercié 17 mois plus tard, Christian Estrosi s’est donné beaucoup de mal. Pour occuper lui-même l’espace médiatique, il a réussi à replacer l’industrie française dans le débat public. C’est d’ailleurs son principal succès. Pendant 510 jours, en bon soldat du ‘président des usines’, il a martelé son plaidoyer pour l’industrie. Pendant 510 jours, il a arpenté l’Hexagone, se rendant sur place ou recevant à Bercy les salariés en danger. Pendant 510 jours, il a nourri les médias (…) de déclarations suscitant applaudissements, protestations ou polémiques. Gaulliste, il n’a cessé d’afficher sa nostalgie de la politique industrielle des années 1960 et 1970 (…). Hélas, le maire de Nice n’a pas eu la chance ni surtout les moyens de lancer pareils chantiers. Il a souvent dû se contenter d’intervenir en ‘pompier’. S’il a réussi à orchestrer les états généraux de l’industrie, les retombées concrètes de cette démarche salutaire se font encore attendre. 510 jours, c’est bien peu pour réindustrialiser la France. Adieu Christian Estrosi, donc, et bonjour Eric Besson. Le nouveau ministre chargé de l’Industrie, mais aussi de l’énergie et de l’économie numérique, fera-t-il du meilleur boulot (…) ? A l’évidence, il maîtrise davantage son sujet que son prédécesseur. On pourrait ajouter que l’industrie –bien mieux que le thème douteux de l’identité nationale–, constitue ‘le’ domaine de compétence d’Eric Besson. Certains de ses proches affirment même qu’il a soufflé quelques idées à Nicolas Sarkozy dans son grand discours de Marignane, le 4 mars dernier, sur la politique industrielle. Dans sa vie antérieure, au parti socialiste, il couvrait l’économie, l’emploi et les entreprises. Ancien cadre de Renault Trucks et de Vivendi, il a connu les grands groupes de l’intérieur. Maire d’un petit village de la Drôme, il côtoie les PME. Il sait aussi l’importance pour la France de développer les entreprises de taille intermédiaire (ETI). On peut imaginer qu’il saura concilier la défense de nos grands champions, où il compte pas mal d’amis, sans négliger notre tissu de PME. Les économistes qui l’ont pratiqué le jugent à la fois keynésien (l’Etat doit jouer son rôle d’actionnaire et savoir anticiper) et schumpétérien (ancien du magazine Challenges, il goûte l’esprit d’entreprise). L’économie numérique, qui retombe dans son escarcelle, le passionne. Et puis, il est l’un des premiers, parmi les responsables politiques, à avoir perçu la puissance chinoise, y compris technologique. Y a plus qu’à... ».
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