Focus : de nouveaux chiffres préoccupants pour l'industrie
Comme l'écrit UsineNouvelle.com du 19 août, « les indicateurs des mois de juin et juillet n'ont pas attendu que la Bourse s'affole pour sombrer dans le rouge », et ce en France comme en Europe. En juillet, le nombre de créations d'entreprises dans l'Hexagone a ainsi diminué de 13,6 % sur un mois et de 12 % sur un an selon l'Insee. Les taux des crédits ont également augmenté de 6,1 % sur un an en juin, du jamais-vu depuis septembre 2008, et les critères d'octroi se sont raidis pour les PMI. Parallèlement, le déficit commercial industriel français s'est alourdi à 37,5 milliards d'euros selon les Douanes, soit 10 milliards de plus par rapport aux six mois précédents.
« Résultat : avant même que l'Insee n'annonce une croissance nulle le 12 août, les industriels sentaient déjà le vent tourner. L'indice de confiance des chefs d'entreprises et des consommateurs a baissé en juillet dans la zone euro pour le cinquième mois consécutif (...). Le repli de 2,2 points est plus important que prévu. Dans le détail, les commandes industrielles ont reculé et les perspectives de production ont été mauvaises. Déjà en juin, les indices étaient surprenants. Et ce, alors même que la reprise semblait s'être enfin imposée. Contre toute attente, la production industrielle en zone euro a reculé de 0,7 % en juin par rapport au mois précédent (...). En France, le recul est de 1,7 % et de 0,8 % en Allemagne (...). Seul signe positif pour l'industrie hexagonale : les commandes ont légèrement progressé, de 0,6%. Sur l'ensemble du deuxième trimestre, [elles] ont gagné 12,5% en comparaison avec le deuxième trimestre 2010 (...).
Et l'Allemagne n'est pas non plus épargnée. La production industrielle et les exportations allemandes ont reculé en juin. Selon les chiffres publiés le 9 août (...), les exportations ont marqué le pas de 1,2 % sur un mois (...). L'indice de confiance Zew a fortement reculé en juillet, s'établissant à -15,1 points contre -9 points en juin. Soit le plus bas niveau jamais atteint depuis janvier 2009 ». Or, ce déclin s'est de nouveau accentué depuis (UsineNouvelle.com du 24/08).
Les premiers chiffres d'août ne sont malheureusement pas meilleurs. L'activité manufacturière s'est ainsi repliée en France, avec un recul de l'indice Markit sous la barre symbolique des
50 points. Les nouveaux contrats signés par les entreprises nationales ont enregistré leur plus faible croissance depuis deux ans, tant dans l'industrie que dans les services. S'appuyant sur ces données, Markit souligne que l'économie hexagonale pourrait voir sa croissance limitée à 0,1 ou 0,2 % au troisième trimestre. Ce que semble confirmer la révision de croissance annoncée à la baisse par François Fillon mercredi, les 1,75 % prévus pour 2011 et 2012 paraissant encore bien optimistes à nombre d'observateurs. Et cela ne va pas mieux dans la zone euro où l'indice Markit a atteint son plus bas niveau depuis deux ans (UsineNouvelle.com du 23/08).
Or, soulignent Les Echos du 22 août, on trouvera « l'industrie en première ligne en cas de récession » : « les malheurs de la Société Générale et de Veolia ont capté l'attention. Pourtant, les secteurs qui ont le plus souffert de la tempête boursière des dernières semaines ne sont ni la banque ni les services à l'environnement, mais bel et bien l'industrie. En particulier les filières industrielles les plus lourdes, les plus cycliques. En un mois, les grandes valeurs européennes liées à l'acier ont globalement plongé de 34 %, soit deux fois plus que la moyenne des 500 principaux groupes cotés sur le Vieux Continent. L'allemand Kloeckner, triste champion en la matière, a vu sa capitalisation boursière divisée par deux. Celle d'ArcelorMittal a chuté de 38 %. L'automobile suit immédiatement la sidérurgie dans ce grand jeu de massacre, avec une baisse de 30 % (...).
Cela n'a rien d'un hasard. Ces branches de l'industrie risquent d'être les premières touchées si la récession tant redoutée se concrétise. Lorsque la dernière crise s'est déclenchée, à l'automne 2008, les inquiétudes sur les ventes de voitures ont très vite conduit les constructeurs à réduire fortement leur production pour ne pas accumuler de coûteux stocks. Leurs fournisseurs d'acier ont arrêté de nombreux hauts-fourneaux dans la foulée. Puis le choc s'est propagé à toute l'industrie, en particulier aux fabricants de machines, victimes du coup d'arrêt donné aux investissements. Ce scénario va-t-il se répéter ? C'est ce que craignent de plus en plus les investisseurs. 'Nous estimons la probabilité d'une récession entre 30 et 40 %, et ce chiffre ne cesse d'augmenter, écrivent les analystes d'ING. Déjà, certains groupes retardent de grands investissements. Seuls les projets rentabilisés rapidement sont lancés.' A court terme, 'les entreprises ajustent leurs stocks, pesant sur l'activité', relèvent de leur côté les experts d'Aurel. Dans ce climat, les marchés ont peur d'entreprises comme Fiat, Clariant, Finmeccanica, etc., qui risquent d'être en première ligne si le retournement de conjoncture se confirme.
Globalement, les grands groupes européens ont pourtant remonté la pente depuis la crise de 2008-2009. Ils ont réduit leur endettement, serré les coûts, se sont redéployés vers les pays en forte croissance et ils ont retrouvé de solides profits. Nombre d'entre eux sont mieux armés qu'il y a trois ans pour affronter un coup dur (...). 'Les entreprises ne sont pas en sureffectifs. Il n'y aura pas de vague de licenciements aussi massive qu'en 2008-2009', prédisent les analystes d'Aurel ».
Edité par l'équipe du MIDEST