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PME industrielles françaises : des raisons d'espérer

L'Usine Nouvelle du 25 août salue « le sang-froid des industriels » français lors de la tourmente boursière d'août. Pour l'hebdomadaire, ces derniers avaient en effet anticipé le ralentissement de la croissance. Leurs carnets de commandes sont en effet fournis et s'ils restent prudents quant à l'avenir en raison du ralentissement de la croissance et des différents plans de désendettement des Etats qui risquent de porter un coup à la consommation, on ne dénote, pour le moment, aucune panique à l'horizon.

Mieux : selon les chiffres de l'Insee publiés le 26 août, les industriels français prévoient même un rebond de 14 % de leurs investissements pour l'année. Données à prendre néanmoins avec prudence, cette enquête ayant été réalisée en juillet avant la crise financière aoutienne, l'annonce de croissance nulle au second trimestre et l'officialisation du plan d'austérité (UsineNouvelle.com du 26/08).

Autre nouvelle encourageante, les défaillances d'entreprises ont reculé dans le pays de 3,5 % au premier semestre 2011, même si les créations ont chuté de 21 % (UsineNouvelle.com du 29/08).

Faut-il pour autant crier victoire ? Pas sûr, à en croire la lecture des Echos du 1er septembre où l'on apprend que si « les profits des géants du CAC 40 défient le pessimisme ambiant » (leurs bénéfices sur six mois sont en hausse de 10 % et ils restent confiants malgré la dégradation de la conjoncture), les PME redoutent un déclin de l'activité.

Ces dernières peuvent néanmoins compter sur des supports de poids tant dans les syndicats que dans le patronat et les milieux universitaires qui, tous, proposent des pistes de travail.

Critiques vis-à-vis du plan d'austérité présenté par le gouvernement, les syndicats français proposent ces jours-ci des idées pour relancer la croissance. Et pour eux, la principale passe par l'industrie et son réseau de PME. Le leader de la CGT, Bernard Thibault, a ainsi rencontré lundi le Premier ministre François Fillon pour parler de l'activité industrielle. Le syndicat place en effet au cœur de ses propositions de relance le soutien au secteur. M. Thibault réclame « des mesures spécifiques et urgentes » en faveur de l'emploi industriel : « au-delà des déclarations d'intention, nous ne voyons pas de renversement de tendance sur les perspectives de relance de l'industrie (...). Dans certains secteurs comme l'automobile, ou dans certaines régions, vu les pyramides des âges, si des mesures d'anticipation des formations et des recrutements ne sont pas prises, nous sommes condamnés à voir disparaître certaines de nos activités. Notre pays n'est pas à jour avec les dispositifs prévus par les Etats généraux de l'industrie. Il faut se repencher d'urgence sur ce problème ". De son côté, la CFDT propose de réorienter les fonds de la formation vers les secteurs qui en ont vraiment besoin, en particulier ceux ciblés par les EGI. Le syndicat, qui réclame la fin des exonérations et allègements liés aux heures supplémentaires, affecterait les sommes ainsi récupérées à un fonds destiné à financer massivement la formation (UsineNouvelle.com du 29/08).

Le patronat plaide aussi pour un support accru des PME. Dans une interview au Figaro, la présidente du MEDEF, Laurence Parisot, prend ainsi leur défense, voyant en elles un outil de lutte contre le chômage car « dans les TPE-PME réside le plus grand potentiel d'emplois (...). Parmi [elles] se trouvent des entreprises du CAC 40 de 2030 : elles doivent bénéficier du meilleur environnement possible pour pouvoir grandir (...). Nous appelons à un vaste programme pour délégiférer et déréglementer le système juridique qui enserre jusqu'au cou les petites et moyennes entreprises. Il faut aussi alléger leur fiscalité » (UsineNouvelle.com du 29/08).

Même les universitaires prennent leur parti ! Exemple pratique, dans la rubrique Idées des Echos, le professeur de droit Patrick Baumann et le conseiller en stratégie et finances Patrice Degris cosignent une tribune prônant l'alliance et défendant l'idée qu'il faut impérativement « muscler nos PME pour prolonger le succès d'Airbus » : « la société Airbus Industrie vient d'exprimer publiquement son inquiétude quant à la capacité de ses sous-traitants PMI de pouvoir soutenir un rythme de production plus élevé pour la fabrication et la livraison d'ensembles, sous-ensembles ou pièces détachées. Cette 'maladie de bonne santé' est la conséquence positive des commandes historiques prises lors du dernier Salon du Bourget.

Une telle opportunité devrait être saisie pour réorganiser, sans contrainte, une partie du tissu industriel de nos PMI. Celles-ci souffrent -par rapport à leurs homologues allemandes, britanniques ou italiennes- d'un gros handicap lié à leur faible taille et à leur sous-capitalisation chronique, les rendant vulnérables dans la compétition internationale. De ce fait, les banques ne leur accordent pas les prêts dont elles ont besoin pour l'achat de machines ou la formation de techniciens, démontrant ainsi, une fois de plus, que l'augmentation du fonds de roulement n'est pas suffisamment financée en France. Airbus Industrie sous-traite à des PMI la fabrication d'éléments et, depuis quelques années, la recherche-développement afférente. Cette situation est dangereuse et susceptible d'entraîner un décrochage de nos sous-traitants, après plusieurs années de réussite auprès de leur clientèle.

Il est urgent de mettre en place une politique et une stratégie d'alliance et de coopération industrielle en regroupant des PMI avec d'autres entreprises complémentaires, tout en respectant leur indépendance capitalistique. Cette stratégie d'alliance peut prendre diverses modalités juridiques -du simple contrat commercial à la création de structures ou de filiales communes- pour constituer un nouveau mode d'organisation en surmontant le problème de la faiblesse de leur taille et de fonds propres.

La réussite de telles alliances devrait reposer sur l'intermédiation de personnes physiques ou morales 'neutres' (...) avec le soutien du ministère de l'Industrie pour assurer au mieux une forme de remembrement du tissu industriel. Les applications de ce processus devraient concerner tous les stades de l'activité économique, et particulièrement le financement par plusieurs entreprises de recherche-développement pour l'innovation (...), la conquête de nouveaux marchés à l'étranger (réponse en commun à des appels d'offres pour un volume dépassant les capacités de production individuelle), le partage de main-d'œuvre qualifiée, la publicité et la communication partagée, ou encore la collecte, dans l'intérêt commun, d'informations économiques, techniques ou juridiques. Cette nouvelle façon de travailler, qui existe à l'étranger (nos voisins italiens parlent de 'grappa'), permet d'abaisser le prix de revient et d'améliorer la productivité et la compétitivité (...).

Les PMI françaises, confrontées à l'évolution rapide de leur environnement, ont un capital social réduit et n'ont pas la possibilité de recourir aux marchés boursiers. Elles ne disposent donc que d'une alternative : procéder à une opération de croissance externe (mais elles ne bénéficient pas souvent des fonds nécessaires de plus en plus rares) ou se voir absorbées par des groupes étrangers avec toutes les conséquences négatives en résultant (exclusion du ou des dirigeants, traumatisme du personnel licencié, perte du savoir-faire français et éventuellement délocalisation).

En outre, il ne faut jamais oublier que, pour servir ses clients, un sous-traitant doit être réactif et cela ne peut se concevoir lorsque six semaines de transport en cargo séparent les usines d'Asie du 'donneur d'ordres'. Certaines ventes non réalisées dans les délais ne sont pas reportées mais tout simplement définitivement perdues.

De même, la main-d'œuvre étant deux fois plus coûteuse en France par rapport à certains pays émergents, cela ne représente en fait que de 10 à 15 % de la valeur du produit fabriqué, à laquelle il faut ajouter près de 20 % de droits de douane et de frais de transitaire, relativisant ainsi la prétendue non-compétitivité des PMI.

L'alliance constitue donc une troisième voie qui doit être vivement encouragée par les pouvoirs publics et tous les acteurs économiques préoccupés par l'inquiétante dérive de la balance commerciale française ».

« En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées », comme disait la publicité... Il ne reste plus qu'à espérer que les différents décideurs carburent rapidement.

Edité par l'équipe du MIDEST

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