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La réindustrialisation, vrai grand défi du prochain quinquennat ?

« La France est l'un des pays les moins propices à l'industrie, selon Bruxelles » nous apprennent Les Echos du 17 octobre : « les tests de résistance étant très à la mode (...), la Commission européenne a décidé de passer au crible l'industrie du Vieux Continent. Son vice-président, l'Italien Antonio Tajani, a profité d'un passage à Rome, vendredi, pour en dévoiler les résultats. 'C'est le retour à l'économie réelle après tant d'années focalisées sur la finance', a-t-il affirmé. On découvre ainsi que la France est loin de figurer parmi les Etats membres les plus performants. En termes de productivité par salarié, Paris se place certes au-dessus de la moyenne des Vingt-Sept mais n'occupe que le 10e rang derrière l'Allemagne et le Royaume-Uni (...). En termes d'innovation, la France n'est que 16e derrière des pays comme l'Italie, la Grèce et le Portugal, avec une proportion d'entreprises innovantes tout juste égale à 50 %. Enfin, s'agissant de l'environnement réglementaire et législatif propice aux affaires, elle arrive en queue de peloton, au 21e rang, très loin derrière les pays scandinaves. 'Son point faible tient à la difficulté de ses entreprises à croître au-delà de 2 000 salariés', relève Antonio Tajani. Selon lui, la France gagnerait à simplifier ses procédures administratives et à fluidifier l'accès des PME au financement (...). A l'issue de ces 'stress tests', la Commission distingue 4 groupes de pays. Celui où dominent les secteurs d'activité les plus avancés et les plus à même de produire une forte valeur ajoutée, auquel appartient malgré tout la France.
Un second caractérisé par une moindre technologie, malgré la présence d'industries très compétitives (Espagne, Italie...). Un troisième où le retard en termes de PIB par habitant est en train de se combler grâce à d'intenses efforts d'innovation, (Pologne, République tchèque...). Un quatrième enfin, en phase de 'redressement', où l'on trouve les pays Baltes ».

Or, suite à la victoire de François Hollande dans les primaires socialistes, UsineNouvelle.com revient, le 17 octobre, sur son programme industriel. Il milite pour un ancrage régional : « la recherche se fait ici, les emplois sont ici, les sous-traitants sont dans l'environnement immédiat (...). C'est une chance d'avoir des entreprises de taille mondiale à condition qu'elles restent fidèles à leur territoire (...). Nous devons passer un contrat avec les chefs d'entreprises : développez-vous partout, investissez là où sont les marchés, mais gardez votre production ici ». S'il ne souhaite pas sortir du nucléaire, il prône une diminution pour passer de 75 % d'électricité produite par l'atome à 50 %. En matière de déficit, il vise un retour à l'équilibre des comptes publics en 2017 : « tout ce que j'annoncerai sera complété par des économies équivalentes ». Enfin, à l'endroit de la politique actuelle, il déclare lors d'une visite à l'usine ArcelorMittal de Florange le 9 octobre : « la Lorraine symbolise (...) la faillite de la politique industrielle du président de la République et la nécessité de la réorienter vers une intervention plus efficace de l'Etat » pour garder les emplois.

Du côté de l'UMP, à l'occasion des Assises de l'Industrie (UsineNouvelle.com du 19/10), le ministre de l'Industrie Eric Besson a déclaré mercredi que l'industrie « se porte mieux que le reste de l'économie. Elle est dynamique avec plus de 360 usines créées ou en expansion cette année ».
Pour la soutenir, en dehors de pistes comme un livret industriel durable et la TVA sociale, il propose une politique en quatre axes :

  • Coopérer : il faut « rapprocher les intérêts des grands industriels, des syndicats de salariés, des PMI mais aussi de l'Etat dans des logiques de filières stratégiques ». Et de rappeler la mise en place du fonds de modernisation des équipementiers automobile (FMEA) et que 345 millions d'euros ont été investis dans ce secteur pour le soutenir pendant la crise.
  • Innover : « c'est le moteur de notre conquête industrielle ». Le Crédit impôt recherche, les pôles de compétitivité et les investissements d'avenir doivent stimuler l'innovation.
  • Financer : « le financement bancaire reste le sujet de préoccupation majeur en cette période ». Et de pointer du doigt les banques « qui n'ont pas assez soutenu l'industrie » alors qu'Oséo, le Fonds stratégique d'investissement et la médiation du crédit jouent un rôle de facilitateur.
  • Protéger : « nous devons protéger notre industrie avec des aides à la relocalisation et à la réindustrialisation (...). C'est la première fois depuis 25 ans que nous avons cessé de détruire des emplois ».

Cela suffira-t-il à convaincre Laurent Guez qui, dans son éditorial de L'Usine Nouvelle du 20 octobre, écrit pour introduire le très intéressant dossier hebdomadaire intitulé « réinventer l'industrie » : « les noms des principaux candidats à l'élection présidentielle sont désormais connus. S'ils avaient la bonne idée de proposer des solutions pour l'industrie, les uns et les autres marqueraient des points décisifs. L'industrie, c'est le sujet qui turlupine la France, comme le prouve [un] sondage Ifop (...). Le pays est plongé dans l'angoisse pour ses emplois perdus, mais garde espoir. D'un côté, 8 Français sur 10 estiment que leur industrie a fortement décliné ces dernières années. De l'autre, 9 sur 10 placent la réindustrialisation parmi les 'principales priorités des prochaines années'. Aux prétendants de 2012, nous nous permettons donc ce conseil : allez-y, posez sur la table des propositions toutes fraîches, étonnantes et, si possible, qui ont fait leurs preuves quelque part (...). Fouillez, forez, phosphorez. Trouvez donc des idées neuves.

Réindustrialiser la France ? Quelle folle ambition... À l'échelle macroéconomique comme à celle de l'entreprise, stopper une chute constitue déjà un défi. Alors, inverser une tendance, bon courage. Pourtant, il est possible de faire repartir la machine. Une industrie forte avec des usines performantes ? Plutôt qu'un mirage, ce peut être un projet. Malgré nos prélèvements record, la rigidité de notre droit du travail et nos grèves à répétition, nous avons d'extraordinaires atouts (...).

Pour se redéployer, l'industrie made in France ne pourra pas se reposer sur le Président qui sortira des urnes en mai prochain. Ni sur l'Europe. Ni sur le G20. Elle devra se réinventer (...). Sortir de sa coquille pour trouver de nouveaux débouchés (...). Monter en gamme pour dégager des marges (...). Investir à long terme pour innover ». Exemples à l'appui, la revue conclut que « la France a raison d'y croire » !

Edité par l'équipe du MIDEST

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