L'actualité de l'industrie en général semaine 26
Dans une interview publiée par UsineNouvelle.com du 14 juin, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, fustige le dogme de la rigueur qui domine en Europe. Il estime que les dirigeants européens, et notamment Angela Merkel, sont frappés d'aveuglement idéologique et que l'austérité qu'ils ont imposée « a conduit sept pays en récession ». Il rejoint là-dessus l'avis du prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz. Pourtant, souligne Laurent Guez sur UsineNouvelle.com le 14 juin, le risque est de laisser dériver les comptes publics. Pour le journaliste, « il faudra donc s'accorder sur une politique de désendettement en cherchant, partout où c'est possible et sans déchirer le tissu social, à réduire les dépenses publiques. Ce ne sera pas suffisant. Les modalités seront négociables. Le principe, lui, ne l'est plus ».
Si les commandes industrielles ont affiché un rebond de 1,7% en avril (UsineNouvelle.com du 20/06), 139 fermetures ont été annoncées depuis le début de l'année dans l'industrie française, soit 36% de plus par rapport à la même période de 2011. Depuis deux mois, les trésoreries se sont soudainement dégradées et les délais de paiement allongés (LeMonde.fr du 20/06). Hausse des prix des fournisseurs, baisse de chiffre d'affaires, crédit plus rare..., l'inquiétude des patrons de PME est à un niveau record depuis trois ans : 56% se déclarent inquiets pour l'activité de leur entreprise en 2012, selon une étude réalisée par KMPG et la CGPME, soit 12% de plus qu'en mars (UsineNouvelle.com du 18/06). Le moral des industriels recule aussi ce mois-ci : l'indicateur publié par l'Insee mardi accuse un point de moins par rapport au mois précédent. L'activité resterait mal orientée dans les prochains mois compte tenu des « perspectives personnelles de production, dont le solde est stable par rapport au mois précédent mais inférieur à sa moyenne de long terme ». Leur moral reste néanmoins bien au-dessus du niveau atteint pendant la crise de 2008 (UsineNouvelle.com du 19/06). Autre souci, « la médiation du crédit prévoit des difficultés sur les PME industrielles », titre UsineNouvelle.com le 20 juin. Si les demandes de médiation restent stables en volume, la part des ETI augmente et les encours de crédit sur les PME de l'industrie baissent. Le médiateur Gérard Rameix a lancé une étude spécifique sur la situation des PMI qui, plus que d'autres, sont affectées par la nouvelle règlementation bancaire.
La désindustrialisation de la France a rarement été autant au centre des préoccupations. UsineNouvelle.com publie, le 14 juin, un billet d'Yves Poinsot, directeur général d'Atradius Credit Insurance en France, pour qui la solution passe par un soutien appuyé aux PME-PMI qui regorgent de « pépites ».
La médiation interentreprises, la Compagnie des dirigeants et Acheteurs de France (CDAF), l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie (ACFCI), le cabinet Election-Europe et Challenges ont noté les pratiques des principaux donneurs d'ordres en matière de relations avec leurs fournisseurs. Un tiers de ces grands groupes n'obtiennent pas la moyenne, selon les résultats de l'étude parue le 14 juin dans Challenges. Et encore : sur les 120 groupes contactés, seuls 88 ont accepté de participer... Cette étude montre que les donneurs d'ordres ont encore des progrès à faire notamment en matière de respect des délais de paiement. « On a reperdu les neuf à dix jours que la loi LME nous avait fait gagner, soit 80 milliards d'euros à la charge des PME », constate le médiateur national Jean-Claude Volot. Le questionnaire portait sur une dizaine de points comme la responsabilité en matière d'achats, l'engagement dans des dispositifs territoriaux ou encore l'adhésion à différentes chartes de bonnes pratiques. Dans le peloton de tête, on trouve naturellement des membres de Pacte PME et des signataires de la charte des relations interentreprises, comme EDF ou Siemens. Certains arrivent à tirer leur épingle du jeu sans avoir signé de charte, comme PSA ou Dassault (UsineNouvelle.com du 14/06).
Dès cet été, le gouvernement pourrait mettre en place un prélèvement à la source de 3% sur les dividendes versés aux actionnaires, selon Les Echos. L'objectif est d' « inciter les entreprises à investir plutôt qu'à récompenser leurs actionnaires ». Cela devrait rapporter 800 millions d'euros en année pleine à l'Etat (UsineNouvelle.com du 19/06). Selon un spécialiste de la fiscalité des entreprises interrogé mardi par Challenges.fr, « les PME n'ont pas attendu Cameron pour partir de France », allusion à la déclaration choc du Premier ministre britannique qui a proposé de « dérouler le tapis rouge » aux entreprises fuyant l'impôt en France. De plus en plus d'entre elles transfèreraient en effet leur siège social pour des raisons fiscales. Pour lui, « la vraie motivation n'est pas une recherche d'optimisation fiscale mais un ras le bol face à l'instabilité fiscale qui règne en France. Le contribuable ne sait pas comment il va être traité l'année suivante ».
Dans les Echos de ce mardi, des membres du conseil d'administration du Cercle de l'industrie, parmi lesquels les présidents de PSA, Thales, Air Liquide et Saint-Gobain, affirment qu' « il faut un choc de compétitivité pour rebâtir notre industrie ». Selon eux, « la hausse du coût du travail, de plus en plus taxé, ne permet plus aux entreprises de disposer de la marge financière essentielle à la montée en gamme de leurs produits ». Ils plaident également pour « l'adéquation du marché du travail aux besoins de l'entreprise : est-il normal que chaque année, 160 000 jeunes sortent du secondaire sans qualification alors que les industries manquent de main-d'œuvre ? Une réforme en profondeur de la politique de formation est impérative ».
L'Usine Nouvelle de cette semaine répertorie quelques-uns des 577 députés fraîchement élus qui ont fait des questions industrielles leur spécialité.
Alors que le gouvernement va ouvrir une phase de concertation avec les principaux acteurs publics et privés concernés par les pôles de compétitivité, un rapport rendu le 19 juin par le consortium Bearing Point-Erdyn-Technopolis, chargé en novembre dernier par le précédent gouvernement de procéder à un audit, souligne que leur action est efficace : « la majorité des entreprises membres des pôles déclarent avoir augmenté leurs investissements et effectifs en R&D depuis leur adhésion ». La synthèse du rapport est consultable sur UsineNouvelle.com.
La Région Provence Alpes Côte d'Azur a par ailleurs décidé de suppléer aux difficultés des pôles de compétitivité locaux privés des fonds FEDER. Si le versement de ces crédits atténue leurs inquiétudes, ils sont néanmoins obligés d'adapter leurs budgets (UsineNouvelle.com du 14/06).
Edité par l'équipe du MIDEST