L'actualité de l'industrie en général semaine 26
Le climat des affaires en Allemagne s'est dégradé en juin pour le deuxième mois consécutif. L'industrie a été frappée par une détérioration des perspectives d'exportation, un signe clair que les entreprises ressentent l'impact de la crise de l'euro (UsineNouvelle.com du 22/06).
Le climat s'assombrit dans la conjoncture française. L'Insee a révisé à 0,4% la croissance attendue pour 2012 en France, prévision plus faible que celle du gouvernement qui table sur + 0,5%. Le ministre français en charge des relations avec le Parlement a d'ailleurs souligné lundi que la France devrait revoir à la baisse ses prévisions de croissance également pour l'année prochaine. Le gouvernement tablait jusque-là sur 1,7% en 2013, mais les experts ont davantage tendance à prôner un chiffre compris entre 0,9% et 1,3% (UsineNouvelle.com du 26/06).
Cette faiblesse se retrouve dans l'industrie : la production devrait en effet reculer de 0,8% en 2012. Après un mauvais début d'année, le second semestre devrait cependant être meilleur avec un très léger redémarrage (+0,3% de hausse). Pas assez cependant pour soutenir l'emploi industriel : après s'être tant bien que mal stabilisé en 2011, il devrait plonger de 29 000 emplois au second semestre après en avoir perdu 17 000 au premier. Les investissements des entreprises ont connu au premier trimestre un violent coup de frein, avec un recul de 1,4%. L'Insee ne prévoit pas de redémarrage avant fin 2012. Le durcissement de l'accès au crédit et l'absence de perspectives d'activité ont incité les entreprises à remiser leurs projets dans les tiroirs.
Dans ce contexte déprimé, l'Insee identifie cependant quelques espoirs. La baisse de l'euro par rapport au dollar et à la livre sterling améliore la compétitivité des industriels européens hors de la zone euro. Les exportations devraient donc être le moteur le plus important de l'économie française, d'autant que les prix du pétrole baissent (UsineNouvelle.com du 27/06).
« Toujours pas de redémarrage en vue », note en écho la DGCIS, la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services, dans son tableau de bord mensuel de l'activité industrielle. Elle rappelle que la production manufacturière s'est repliée en avril, revenant à son niveau de janvier, que le déficit du commerce extérieur de produits manufacturés s'est stabilisé et que les prix à la production manufacturière ont légèrement reculé après trois mois de hausse. Au vu des enquêtes de climat des affaires, « les industriels restent pessimistes quant aux perspectives générales de production dans leur profession » (Les Echos du 26/06).
Effectivement, les dirigeants d'entreprises interrogés dans le cadre de l'Observatoire Banque Palatine de la performance des PME-ETI ne sont pas portés par un état de grâce post-électoral : « pour la première fois depuis l'instauration du baromètre, le solde d'emplois salariés à 6 mois est négatif, il y a plus d'entreprises qui envisagent de réduire leurs effectifs que d'entreprises prévoyant d'embaucher » (Challenges.fr du 21/06). Et ce même si le cabinet Markit, qui a publié son indice PMI le 21 juin, relève une activité, certes toujours contractée, mais à son niveau le plus haut depuis trois mois. En effet, si certains chefs d'entreprises interrogés font état d'une hausse de la demande et des ventes, « le manque de visibilité économique actuel incite les clients à la prudence, limitant l'obtention de nouveaux contrats (...). Face à cet assombrissement de leurs perspectives d'activité, les entreprises réduisent leurs effectifs, l'emploi accusant en juin son plus fort recul depuis 29 mois ».
Un « coup de pouce » de 2% a été donné mardi au Smic. Si les organisations patronales sont vent debout sur le sujet, les industriels ne seront pas les plus touchés car ils emploient une part de smicards beaucoup plus faible que la moyenne (UsineNouvelle.com du 25/06).
Le ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici a lancé une mission de préfiguration pour la Banque Publique d'Investissement (BPI) chargée de faciliter le financement des petites et moyennes entreprises et des entreprises innovantes. Premières conclusions attendues le 30 juillet (UsineNouvelle.com du 26/06).
« Trop de ministres tuent l'industrie », écrit Thibaut de Jaegher dans UsineNouvelle.com le 25 juin. Le journaliste répertorie « 14 ministres (en comptant les ministères délégués) de l'Industrie.
Au-delà du très remarqué maroquin du redressement productif, confié à Arnaud Montebourg, on ne compte pas moins de 10 ministres pleins qui ont en charge des portefeuilles "industriels" ou des thématiques impactant fortement l'industrie (...). On pourrait saluer cette surreprésentation. Après tout, c'est bien la preuve que l'industrie est revenue au centre du jeu, qu'elle a retrouvé ses lettres de noblesse et que le gouvernement est prêt à redresser la production en France, comme l'avait annoncé François Hollande pendant sa campagne. Mais elle pourrait aussi nous inquiéter. La vision industrielle que chaque ministre développe est loin d'être cohérente. Preuve nous en a été donnée avec l'affaire Nicole Bricq. La ministre, à l'époque chargée de l'Énergie (mutée depuis au Commerce extérieur), avait voulu suspendre le permis d'explorer accordé à Shell au large de la Guyane mais elle a été démentie par Matignon, apparemment sous l'influence du ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg. Officiellement, la décision a été prise pour respecter la parole de l'État mais, en coulisse, c'est une autre bataille qui s'est jouée : celle d'une lutte d'influence des partisans de l'industrie contre ceux de l'environnement. Si les premiers ont visiblement gagné ce premier arbitrage, ils doivent rester vigilants. Beaucoup de promesses de campagne menacent clairement la compétitivité des industriels français. Et à chaque fois, il faudra monter au créneau pour faire valoir le point de vue de l'industrie. Le partisan le plus fervent de ce secteur au sein du gouvernement est sans aucun doute Arnaud Montebourg. Son charisme et son verbe étant des atouts de choix pour emporter les décisions en sa faveur... c'est-à-dire en faveur des usines ».
Edité par l'équipe du MIDEST