Compétitivité : le changement, c'est (pas forcément) maintenant !
Interrogé par L'Usine Nouvelle du 18 octobre, le patron de Michelin, Jean-Dominique Sénard, considère que « la France peut redevenir une puissance industrielle (...). A partir du moment où des décisions sont prises pour assurer dans la durée la compétitivité et la stabilité de l'environnement, il n'y a aucune raison de ne pas ouvrir d'usines en France ». Il attend donc beaucoup du rapport Gallois sur la compétitivité que l'ex-patron d'EADS doit remettre dans une dizaine de jours. Il risque d'être déçu.
En effet, d'après Les Echos de lundi, ce rapport recommanderait une trentaine de milliards d'euros d'allègements de charges, à la fois patronales et salariales, sur deux ou trois ans, ce qui ne constituerait plus le « choc » évoqué l'été dernier, et une légère hausse des prélèvement comme la TVA, la CSG ou la fiscalité écologique pour les compenser.
Pire : François Hollande a déclaré le week-end dernier que ce rapport « n'engage pas » l'exécutif et, pour le ministre du Travail Michel Sapin, s'il est « un élément extrêmement sérieux » dans la réflexion du gouvernement, « ce n'est pas le seul point de vue qui compte »... Face à la levée de boucliers de nombre d'industriels suite à ces propos, le gouvernement a organisé une première réunion interministérielle sur la compétitivité hors coût lundi à Matignon pour montrer qu'il n'était pas enterré : « le rapport de Louis Gallois est très important et sera une contribution forte. Mais il est logique que les administrations et les ministères mènent leurs propres démarches en appui du rapport Gallois », a assuré Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie et des Finances, pour clore la polémique. Mardi, à l'antenne de RTL, il s'est dit favorable à un allègement des charges des entreprises pour relancer la compétitivité mais opposé à une augmentation de la TVA et la CSG pour compenser le manque à gagner pour l'Etat (UsineNouvelle.com du 23 et Les Echos du 24/10).
Malgré ces dénégations, souligne dans son éditorial en ouverture de L'Usine Nouvelle Thibaut de Jaegher, « les industriels ont compris qu'il n'y aurait pas de transfert massif de charges du travail vers la consommation. Le financement de la protection sociale restera encore majoritairement assuré par les entreprises et les salariés pour préserver le sacro-saint pouvoir d'achat des Français (...). Une fois de plus, les industriels ne pourront compter que sur eux-mêmes pour retrouver des marges de manœuvre », et en particulier sur le dialogue social interne à chaque entreprise. Mais, pour le journaliste, ce n'est peut-être pas plus mal car « la compétitivité n'est jamais aussi bonne (et efficace) que quand elle est faite maison ! » (UsineNouvelle.com du 22/10).
Edité par l'équipe du MIDEST