L'actualité de l'industrie en général semaine 43
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, qui a beaucoup fait parler de lui en s'affichant le week-end dernier en marinière à la une du Parisien pour promouvoir le Made in France, a soutenu l'efficacité de l'action de son ministère en matière sociale lors de l'entretien avec l'AFP du 18 octobre. Selon lui, 199 dossiers d'entreprises en difficulté auraient été traités par ses services, et 15 000 emplois préservés pour près de 5 000 perdus (UsineNouvelle.com du 18/10).
Il ne s'est pas fait que des amis cette semaine. En réaction aux propos de Pascal Lamy, Directeur général de l'OMC, qui avait mis en garde samedi contre tout « protectionnisme patriotique » qui irait à l'encontre des intérêts hexagonaux suite à la parution de la photo du Parisien, il a dénoncé lundi les erreurs faites par l'Organisation mondiale du commerce, et notamment celle d'avoir laissé la Chine entrer dans l'organisation sans contrepartie : « il y a 10 ans, on avait zéro déficit avec la Chine. Aujourd'hui, la France a 25 milliards de déficit (...), l'Allemagne 22 milliards et la zone euro 150 milliards (...). Si nous avons perdu des centaines de milliers d'emplois dans l'industrie, c'est aussi parce qu'il y a une concurrence et une mondialisation scandaleusement déloyales. Il faut y mettre fin ». Les Echos de mardi font remarquer que le problème avec la Chine est bien réel et que le ministre n'est pas le seul à le dénoncer, Washington étant sur la même longueur d'ondes.
De même, la Commission européenne a rejeté lundi soir la demande faite cet été par le ministre de mise sous surveillance des importations de voitures sud-coréennes. Il avait alors dénoncé, comme nombre d'industriels, le fameux accord de libre-échange entre l'Union européenne et la Corée du Sud entré en vigueur en juillet 2011 et qui aurait conduit à une forte augmentation des véhicules Hyundai et Kia. Cette fois-ci, c'est LaTribune.fr qui donne raison au ministre : en France, « selon les statistiques des douanes, les importations coréennes ont fortement augmenté au premier semestre, tandis que les exportations vers la Corée étaient en baisse ».
Dernier ennemi en date, le président de Mitsubishi France, Jean-Claude Debard, qui aurait déclaré durant une conférence de presse, selon le quotidien La Provence, en parlant du ministre : « cet abruti mental, ce débile, augmente les malus écologiques, réduit la vitesse des conducteurs sur le périphérique de Paris et pourrit la vie des automobilistes, de toutes les origines sociales... Tous le subissent (...) ! Il est bête et ne comprend rien (...). Vous pouvez me citer sans vous inquiéter. Grâce à mes précédentes déclarations sur les chaînes de télévision nationales, j'ai déjà un contrôle fiscal ». Le Comité des Constructeurs Français d'Automobiles a immédiatement condamné fermement ces « propos insultants » (20Minutes.fr et Boursier.com du 24/10).
L'Usine Nouvelle se demande justement cette semaine « qui êtes-vous, Arnaud Montebourg ? ». Intéressant portrait à lire avant de rencontrer le ministre au MIDEST le 6 novembre.
Le nombre de demandeurs d'emploi sans aucune activité dans l'Hexagone a augmenté de 46 900 en septembre, à 3,05 millions. Il s'agit de la plus forte augmentation mensuelle enregistrée depuis avril 2009 (LExpress.fr du 24/10). Et ce n'est malheureusement pas fini. Le nombre de chômeurs en France continuerait en effet à croître de 253 000 personnes en 2012 et 243 000 en 2013, soit un taux de plus de 11%, selon les prévisions de l'Observatoire français des conjonctures économiques publiées le 18 octobre (UsineNouvelle.com du 19/10).
Florange, PSA... De vastes chantiers pour la sauvegarde de l'emploi, mais loin d'être la priorité de la nouvelle BPI. C'est ce qu'a confirmé Jean-Pierre Jouyet, futur président de la Banque publique d'investissement, au micro d'Europe 1 le 19 octobre : « la BPI aura vocation à maintenir l'activité (...). Nous financerons les bons projets, au service du développement durable, de la transition énergétique, du numérique..., pas les canards boiteux. S'il y a des solutions globales, nous pouvons étudier tel ou tel cas. Mais notre mission sera d'aider les PME et les entreprises de taille intermédiaire, pas les grands groupes ». La question portant sur ArcelorMittal, la réponse et l'emploi de l'expression « canards boiteux » ont été très moyennement goûtés par les syndicats. Voyant la polémique enfler, François Hollande n'a pas tardé à réagir : « Florange n'est pas un canard boiteux. Florange fait partie d'ArcelorMittal et, à ma connaissance, ArcelorMittal n'est pas un canard boiteux, c'est une grande entreprise ». De son côté, la Caisse des dépôts et consignations a publié un communiqué dans lequel elle revient sur les propos de son directeur général : « le futur président de la Banque publique d'investissement a le plus grand respect pour les salariés de Florange, héritiers d'une forte tradition sidérurgique française » (UsineNouvelle.com du 19/10).
« Les industriels français n'ont pas le moral », souligne UsineNouvelle.com le 23 octobre : « l'indicateur Insee du climat des affaires dans l'industrie manufacturière s'est nettement dégradé en octobre. Il touche même un plus bas depuis l'été 2009. En cause notamment : des carnets de commandes dégarnis et un fort niveau de pessimisme ».
A l'issue du conseil des ministres de mercredi, M. Montebourg, accompagné de la ministre déléguée chargée des PME, Fleur Pellerin, a présenté non pas le, mais les médiateurs qui succèderont à Jean-Claude Volot. Jean-Lou Blachier, vice-président de la CGPME et ancien patron de Promaxion, société spécialisée dans le désamiantage et la plasturgie, s'est vu confier la médiation des marchés publics, tandis que Pierre Pelouzet s'occupera effectivement de la médiation des relations interentreprises (UsineNouvelle.com du 24/10).
Dans cette actualité terne, terminons par une anecdote amusante rapportée (forcément) par L'Usine Nouvelle de cette semaine : « la scène se passe au Palais d'Iéna, siège du Conseil économique et social qui accueille la Conférence environnementale mi-septembre. Alors que le débat porte sur le gaz de schiste, les ONG se passent la parole pour conforter leur position... Le président de la République a par ailleurs annoncé qu'il n'y aurait pas de permis accordé pour regarder si, oui ou non, la France a un potentiel en la matière. Jean-Pierre Clamadieu, le PDG de Solvay et seul représentant de l'industrie présent à la table ronde, voit alors Arnaud Montebourg sortir (...) L'Usine Nouvelle, pour la lire ostensiblement. Une manière pour le ministre du Redressement productif d'afficher sa position puisque le titre qui barre la une de ce numéro du magazine affirme : 'Gaz de schiste, c'est bon pour l'industrie' »...
Edité par l'équipe du MIDEST