Conjoncture.
Il n’y a pas qu’en France que c’est le branle-bas de combat au chevet du secteur. Suite au recul de 17,8 % des immatriculations au plan continental en décembre, le vice-président de la Commission européenne a convoqué tous les Etats membres à une réunion ministérielle le 16 janvier pour « examiner la situation du secteur et discuter de mesures existantes ou futures au niveau national, et en particulier du besoin d’une coordination au niveau européen » (LesEchos.fr du 15/01). A l’issue de la réunion, on apprenait que la Banque européenne d’investissement apporterait des financements aux constructeurs qui peinent à obtenir des crédits par les voies traditionnelles. En effet, pour le commissaire européen à l’industrie, « la survie de l’ensemble des constructeurs automobiles n’est pas garantie ». Selon Christine Lagarde, des souplesses sur les aides d’Etat susceptibles d’être apportées au secteur sont à l’étude au niveau européen (LesEchos.fr du 16/01). La France, l’Espagne et l’Italie appellent la Commission à « jouer un rôle de coordination rapide et efficace dans la mise en œuvre d’un plan d’action » (LesEchos.fr du 19/01). L’urgence est réelle : selon l’ACEA (Association des Constructeurs Européens d’Automobiles) présidée par Carlos Ghosn, la production d’automobiles en Europe devrait baisser de 15 % en 2009, détruisant au passage de 150 000 à 200 000 emplois (UsineNouvelle.com du 20/01). Dans son interview au Figaro.fr, le patron de PSA se montre plus optimiste en estimant que le secteur « a peut-être touché le fond » même si 2009 sera difficile.
Constructeurs.
Dans le même entretien, Christian Streiff reconnaît également que son groupe est l’un de ceux qui bénéficient, parmi les constructeurs européens, de « la meilleure situation financière » avec « 14 milliards d’euros de fonds propres » et que son entreprise peut continuer à faire tourner ses usines françaises en sous-régime sans les fermer (LeMonde.fr du 20/01). De plus, nombreux sont les chefs d’entreprise qui s’inquiètent de la fuite de compétences qu’entraînent les licenciements (UsineNouvelle.com du 20/01). Le DRH de PSA plaide d’ailleurs pour qu’une partie du chômage partiel soit consacrée à la formation (LesEchos.fr du 20/01). Comme en écho, les salariés de Renault Sandouville se sont mis en grève mercredi après avoir appris qu’ils ne travailleraient qu’une semaine sur quatre en février (LeFigaro.fr et UsineNouvelle.com des 21 et 22/01). Nicolas Sarkozy a de nouveau rappelé cette semaine qu’il subordonnait l’aide aux constructeurs à l’abandon des délocalisations et au renforcement de leurs activités sur notre sol (LesEchos.fr du 16/01). LesEchos.fr du 19 janvier affirment en effet que Renault produit la majorité de ses véhicules à l’étranger depuis 2005 et PSA depuis 2007. Résultat : bien que notre pays soit le deuxième producteur européen de véhicules derrière l’Allemagne, la construction automobile, hors équipementiers, accusait l’an dernier un solde commercial déficitaire de 4,4 milliards d’euros. Ironie grinçante, le système du bonus-malus a accentué ce phénomène, la part des importations de ces voitures vertes produites par Renault et PSA étant plus forte que pour les autres véhicules !
Autre « semi-exigence » gouvernementale : Christine Lagarde a fortement incité les patrons de l’automobile à renoncer, comme leurs confrères banquiers, à leur bonus (LaTribune.fr, UsineNouvelle.com et LesEchos.fr du 21/01). Carlos Ghosn a aussitôt annoncé qu’il se rangeait au conseil de la ministre (LesEchos.fr et Challenges.fr du 21/01). Aux dernières nouvelles, on attend toujours la décision de Christian Streiff. Enfin, Renault Trucks, la filiale française poids lourds du suédois Volvo, confrontée également à une chute vertigineuse de ses commandes, a réduit de 60 % sa production (LesEchos.fr du 19/01).
Prestataires.
Surfant sur l’actualité, Batscap, l’entreprise de fabrication de batteries pour les véhicules électriques du groupe Bolloré, achève un investissement global de 60 millions d’euros à Ergué-Gabéric dans le Finistère (UsineNouvelle.com du 21/01). Pour sa part, Heuliez vient de livrer les premiers exemplaires de Pélican, son utilitaire électrique (L’Usine Nouvelle du 22/01). L’innovation comme bouée de secours : Le Journal de la Production consacre 4 pages de son numéro de décembre à la filière automobile de l’Artois qui résiste mieux à la crise en raison notamment de la modernité des usines récemment implantées, fruits d’investissements conséquents, de la mise en place de centres de recherche publics/privés et des actions de formation adaptées.
Dans le même ordre d’idées, Jean Chéreau SAS, leader européen de la carrosserie pour transports réfrigérés établi à Avranches avec 670 salariés, va continuer d’investir en 2009 (UsineNouvelle.com du 16/01).
D’autres équipementiers résistent courageusement. Alors que beaucoup enterraient prématurément Eurostyle, en redressement judiciaire, pas moins de 4 repreneurs potentiels ont déjà déposé un dossier de reprise au tribunal d’Evry (UsineNouvelle.com du 16/01). Sonas obtient également une prolongation, un sursis de 6 mois lui ayant été accordé mardi par le Tribunal de Commerce de Guéret (UsineNouvelle.com du 21/01). Comme le souligne UsineNouvelle.com du 16 janvier, la situation est « paradoxale chez l’équipementier Faurecia à Flers dans l’Orne. Alors que la filiale du constructeur automobile PSA met en production sa nouvelle usine, un investissement de 50 millions d’euros, où elle doit rassembler les 1 650 salariés de ses 2 usines flériennes spécialisées dans la fabrication de sièges automobiles, les syndicats s’inquiètent de nouvelles mesures de RTT ou congés forcés que la direction leur a annoncé ».
De son côté, Valeo supprime 163 emplois de son usine de moteurs d’essuie-glaces et de timoneries de Châtellerault. Celle d’Etaples-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, qui fabrique des alternateurs, va voir 31 de ses 1 100 emplois détruits, suite à l’annonce du groupe de supprimer 5 000 postes dans le monde, dont près de 1 600 en France. Conséquence : les sous-traitants de l’équipementier ne sont pas épargnés. Dernier exemple en date, la société plasturgiste auboise Préciplast a vu son chiffre d’affaires passer de 1 à 0,5 million d’euros par mois. Les syndicats redoutent un plan social (UsineNouvelle.com des 14, 15 et 16/01).
