Continental Clairoix, suite. Le ministre de la Relance, Patrick Devedjian, a accusé jeudi dernier la direction de Continental de faire obstacle à une « offre sérieuse » de MAG qui, sans produire de pneus (elle en distribue mais souhaite se mettre à la production, d’où son intérêt pour l’usine et ses salariés), est « un des plus grands accessoiristes automobiles du Proche-Orient ». Le groupe s’est en effet vu refuser la visite du site. Le ministre va plus loin : en parlant des dirigeants de Continental, il déclare « je trouve singulier d’avoir fait le déplacement à Dubaï pour expliquer que l’affaire était mauvaise. Cela a laissé pantois les dirigeants de MAG qui n’avaient jamais vu quelqu’un dénigrer ainsi son produit », avant d’ajouter que, selon lui, ils ne seraient guère désireux de se créer un concurrent. Le fabricant nie farouchement : « à chaque fois qu’une marque d’intérêt est reçue, Continental étudie la situation avec un sérieux absolu (…). Toutefois, Continental ne pense pas recevoir d’offre d’un spécialiste de la fabrication de pneus dans un contexte économique aussi difficile (…). Nous avons examiné tous les scénarios et nous ne voyons aucune alternative » à la fermeture (NouvelObs.com, LeFigaro.fr, UsineNouvelle.com et LePoint.fr des 23 et 24/04). Il semble néanmoins que Patrick Devedjian ait vu juste : Continental a fini par reconnaître qu’il ne souhaitait pas céder ses technologies en cas de reprise de Clairoix et que MAG devrait trouver des « partenaires » pour développer les siennes (LePoint.fr du 24/04).
Comme l’écrit ironiquement UsineNouvelle.com du 24 avril, l’industriel, « qui ferme Clairoix car son usine n’est pas assez performante au regard de ses critères de coûts de main d’œuvre, considère apparemment que son site est assez intéressant pour ne pas vouloir le laisser aux mains d’un nouveau concurrent »… Ce mercredi, c’est donc sans surprise que le patron de Continental, qui n’exclut pas d’autres fermetures en Europe, a répété que celle de Clairoix était « nécessaire », alors qu’une réunion tripartite entre l’Etat, les syndicats et la direction se tenait à Bercy et aboutissait à la promesse d’une prochaine rencontre directement avec les dirigeants allemands (NouvelObs.com, UsineNouvelle.com, LesEchos.fr et LaTribune.fr du 29/04).
Néanmoins, force est de constater, comme le titre malicieusement UsineNouvelle.com du 29 avril, que les « ventes et chiffres d’affaires des fabricants de pneus se dégonflent au premier trimestre ». Michelin enregistre ainsi une baisse de 14,2 % de son chiffre d’affaires par rapport à 2008, celui de Continental chute de 35,2 % et celui de Goodyear de 28 %.
Heuliez, en redressement judiciaire, fera l’objet d’un plan social de 292 suppressions d’emplois (UsineNouvelle.com du 24/04). L’Etat, par l’intermédiaire de Luc Chatel, a annoncé qu’il prendrait en charge leur formation et leurs salaires durant un an par le biais des contrats de transition professionnelle (NouvelObs.com et UsineNouvelle.com du 27/04).
Les syndicats de Livbag, spécialisé à Pont-de-Buis (Finistère) dans la fabrication d’airbags, ont annoncé un plan de licenciements portant sur une fourchette comprise entre 100 et 150 emplois sur un total de 900 (UsineNouvelle.com du 24/04).
Valeo a publié une perte nette de 159 millions d’euros au premier trimestre et annoncé un renforcement de ses mesures de compression de coûts (LesEchos.fr et UsineNouvelle.com du 24/04). Néanmoins, il dément toute fermeture de site en France en 2009 (UsineNouvelle.com du 27/04). Fin de grève sur son site de la Suze-sur-Sarthe qui était bloqué depuis la mi-avril pour cause de négociations sur les licenciements. Les salariés, qui ont fait appel à l’Etat, devenu actionnaire de l’équipementier par son entrée au capital via le FSI (UsineNouvelle.com des 23 et 27/04), ont finalement obtenu 10 000 euros de plus par départ et leur étalement dans le temps.
Enfin, d’après RTL, l’ex-PDG de Valeo, Thierry Morin, aurait fait poser des micros pour enregistrer des réunions du conseil d’administration de l’entreprise portant sur son avenir et auxquelles il n’était pas convié. L’entreprise envisagerait de porter plainte et d’annuler au passage les 3,2 millions d’euros d’indemnités perçus par le dirigeant (LeParisien.fr et NouvelObs.com du 28/04).
Les choses ne vont guère mieux chez Faurecia. Craignant une manifestation des employés licenciés depuis décembre (UsineNouvelle.com du 28/04), l’équipementier avait invité une dizaine de cars de CRS à sécuriser le quartier de Nanterre où se tenait son assemblée générale en fin de semaine dernière. Le PDG s’est fait huer par des petits porteurs après l’annonce d’une augmentation du capital de l’entreprise sans préciser le montant des futures actions. PSA détiendra ainsi prochainement au moins 90 % des actions du groupe qui a annoncé pour 2008 une perte nette consolidée de 574,8 millions d’euros. Cet apport a pour but, selon le PDG, de « sortir de la crise en tant que leader ». Cette ambition a bien sûr un coût : le groupe compte également réduire de 300 millions d’euros ses frais fixes en 2009, ce qui se traduira, entre autres, par de nouveaux licenciements dans le monde. Les investissements se concentreront sur la R&D (UsineNouvelle.com du 24 et LesEchos.fr du 28/04).
L’allemand Bosch s’attend pour 2009 à une année « des plus difficiles » de son histoire mais estime que sa solidité financière et sa diversification compensent en partie les chocs négatifs. En 2008, son bénéfice après impôts de 372 millions d’euros représentait une baisse de 87 % sur un an (Challenges.fr du 24/04).
Dans un marché qui ne cesse de tousser, l’américain Axle, l’un des grands équipementiers de General Motors, n’hésite pas à délocaliser au Mexique la production de sa plus grosse usine, située à Detroit. Le site, qui emploie 734 personnes, fermera ses portes d’ici la mi-juillet. Toujours aux Etats-Unis, la probable faillite de Delphi inquiète très fortement General Motors, l’un de ses principaux clients (UsineNouvelle.com du 29/04).