A l’appel de la CGT Métallurgie, des salariés de la filière automobile, constructeurs et sous-traitants, s’étaient donné rendez-vous le 17 septembre dans les rues de Paris pour défendre l’emploi et dénoncer la « criminalisation de l’action syndicale ». Dans un contexte tendu après le sort réservé à Molex (voir ci-dessous), la branche du syndicat cherchait à mobiliser « par la base », dénonçant l’inaction de ses partenaires et s’attaquant plus particulièrement à leur secrétaire général Bernard Thibault, qu’ils accusent de collusion avec l’Etat : ambiance… 6 000 manifestants selon la CGT, 1 700 selon la police, ont clamé leur colère contre les « licenciements boursiers ». Ils ont pénétré symboliquement dans l’enceinte du palais Brongniart sous l’enseigne « travailleurs unis contre actionnaires voyous ». L’Etat n’a pas été épargné au niveau de la sous-traitance : « les gesticulations du gouvernement agacent tout le monde. La situation financière des sous-traitants de l’automobile de rangs 2 et 3 n’a pas été prise en compte. Il ne place pas l’emploi au centre de ses préoccupations mais les profits » (UsineNouvelle.com du 17/09).
Le ministre de l’Industrie Christian Estrosi a présenté le 14 septembre un repreneur pour l’usine Molex de Villemur-sur-Tarn, en la personne du fonds d’investissement américain HIG pour une reprise partielle du site. Un accord était signé dès le lendemain. Ce projet concerne « dans un premier temps » uniquement 60 salariés environ sur les 283 actuels. Molex, qui va céder l’usine avec les machines pour un euro symbolique, garantit pendant deux ans 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires à HIG et 5,4 millions de cash, tandis que l’Etat apporte 6,6 millions « en prêt à titre de garantie en terme d’investissement que l’entreprise doit réaliser ». HIG met de son côté un million d’euros de capital sur la table. Les syndicats sont plus que déçus : seuls 15 à 20 salariés seraient concernés dans l’immédiat et l’actuelle direction américaine ne leur laissera que les produits en fin de vie. Mais ils ont finalement voté ce plan, quoiqu’à contrecoeur. Ils toucheront en effet un mois de salaire par année d’ancienneté et le paiement des jours de grève de juillet et août. Les 283 salariés licenciés recevront 100 % de leur salaire pendant 9 mois et bénéficieront des services d’un cabinet de reclassement. Parmi les réactions entendues lors de la manifestation parisienne du 17 septembre, celle de Jean-Luc Mélenchon résume la déception éprouvée sur place ; l’Etat, qui met pourtant une nouvelle fois substantiellement la main à la poche, en fait les frais : « Christian Estrosi est en place pour faire de la communication, il la fait. Le gouvernement actuel brasse du vent. Il a échoué à tous les tests sur la protection de la souveraineté industrielle (…). Malgré les luttes, l’entreprise est dépecée et l’Etat est deux fois coupable : en envoyant aux investisseurs un message d’impunité, et en abandonnant les gens ». L’usine actuelle fermera ses portes le 31 octobre (LesEchos.fr, LeFigaro.fr, LePoint.fr, LExpress.fr, LeMonde.fr, LeParisien.fr et UsineNouvelle.com des 14, 15, 16, 17 et 18/09).
Les choses semblent s’arranger chez Valeo qui ne se fixe plus d’objectifs de cessions d’actifs et déclare observer une amélioration du marché durant le semestre en cours (LesEchos.fr du 16/09). Signe des temps, Robert Bosch, le premier équipementier mondial, prévoit de supprimer 10 000 emplois cette année et de réduire la durée de travail de 100 000 salariés (LesEchos.fr et UsineNouvelle.com du 15/09).
« Guerre du pneu : Pékin vole dans les plumes de Washington », titre malicieusement UsineNouvelle.com du 14 septembre. Enrageant de n’avoir pu dissuader Barack Obama d’imposer de nouvelles taxes aux importations de pneus chinois sur le sol américain, le pouvoir local, peu enclin à passer pour une poule mouillée et furieux de se retrouver ainsi le bec dans l’eau, se venge en ouvrant une enquête anti-dumping visant les pièces de voitures et… les volailles en provenance des Etats-Unis. Pas sûr cependant que cet ergotage incite Washington à en prendre de la graine. Michelin, qui vient de se faire reprendre la place de numéro un mondial du pneu par Bridgestone (UsineNouvelle.com du 21/09), observe quelques signes d’amélioration sur le marché des pneumatiques pour voitures, mais pas encore sur le segment poids lourds. Si l’industriel estime que « le pire » est derrière lui, il mise sur une reprise « très progressive » du marché et confirme ses investissements en Inde, en Chine et au Brésil (LesEchos.fr et LePoint.fr du 15/09). Il parie également sur la voiture électrique, espérant que seront lancés des véhicules équipés de la roue motorisée qu’il a mise au point (LeFigaro.fr du 18/09).
