Faut-il désespérer de Renault et PSA ?

Renault a annoncé lundi qu'il allait recourir à des mesures de chômage partiel pour faire face à un ralentissement de la demande. L'usine de Douai est fermée du 26 octobre au 1er novembre inclus. D'autres sites feront le pont du 29 octobre au 1er novembre (LeParisien.fr du 24/10).

Quant à PSA, il a annoncé devoir réaliser 800 millions d'euros de réductions de coûts supplémentaire en 2012 pour atteindre les objectifs de son plan de performance triennal. Le président de son directoire Philippe Varin a déclaré mercredi que ces nouvelles économies se solderont probablement par une baisse de 10% de ses effectifs (20Minutes.fr du 26/10). Au total, ce sont près de 6 800 postes, salariés et sous-traitants, qui devraient être supprimés : le groupe a en effet acté, lors d'un comité européen exceptionnel mercredi, la suppression de 800 postes d'intérimaires en France d'ici fin 2011. A cela s'ajouteront 1 000 postes en production en 2012 en Europe sous forme de plans de départs volontaires, 2 500 dans les activités hors production (commerce, marketing, informatique, recherche et développement...) et 2 500 supplémentaires, toujours hors production mais qui dépendent de prestataires externes (autrement dit des sous-traitants). L'annonce a été qualifiée de « douche froide » par la CFTC et de « véritable saignée contre l'emploi » par la CGT. Une soupe à la grimace d'autant plus âpre que dans le même temps, PSA a annoncé de nouveaux investissements pour doubler sa capacité de production au Brésil (blog du Décolletage du 26/10).

On aurait néanmoins tort de désespérer selon David Barroux qui, dans les Echos du 24 octobre, revient sur les difficultés actuelles des deux constructeurs français : « le succès ne se décrète pas. Il se construit (...). A l'heure où, fragilisés par les turbulences macroéconomiques et le nouveau coup de mou du marché automobile européen, Renault et PSA doutent et où les ouvriers français redoutent de nouveaux programmes de réduction des coûts, force est de constater que BMW, Daimler, Mercedes ou Volkswagen affichent, eux, une étonnante sérénité.

Sur le papier pourtant, les constructeurs allemands subissent les mêmes désavantages structurels que leurs concurrents d'outre-Rhin. Ils produisent l'essentiel de leurs véhicules dans une Allemagne n'ayant rien d'une terre de production low cost. Ils restent encore très dépendants du marché européen. Et ils sont affectés, comme tous les industriels de la planète, par le boom des matières premières. Année après année, le made in Deutschland prouve néanmoins que le pari de la qualité combiné à un savoir-faire en termes de design et de marketing permet d'amortir bien des chocs cycliques.

A la peine, les constructeurs tricolores pourraient s'avouer vaincus. Ils auraient tort. Certes, les marchés financiers ne croient plus au rebond de Renault et Peugeot-Citroën (...). S'ils n'ont pas convaincu les investisseurs, l'essentiel est que nos deux champions nationaux ont continué de préparer l'avenir depuis le début de la crise de 2008. PSA a poussé ses pions dans les pays émergents, lancé la gamme DS qui devrait lui permettre de faire grimper son prix de vente moyen. Renault a, lui, investi dans l'élargissement de sa rentable marque Dacia, développé ses capacités de production dans des pays low cost (Maroc, Brésil) et fait un pari qui pourrait payer dans l'électrique (...). Croire que tout va leur sourire et que la crise actuelle n'est qu'un incident conjoncturel serait naïf, mais il ne faut pas voir Renault et PSA plus moches qu'ils ne sont. Ils ont encore devant eux de vrais efforts de productivité à réaliser, mais ils disposent aussi d'une capacité de rebond ».

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