Revue de presse automobile du 3 février 2012
Conjoncture
« Auto : la production française à des niveaux historiquement faibles », titre LaTribune.fr du 31 janvier. Et la newsletter de constater que « Renault a produit 18,3% de ses voitures dans l'Hexagone l'an dernier, PSA 39%. Les deux constructeurs tricolores produisent autant de voitures dans l'Hexagone qu'en... 1965 (...) ! [Ce chiffre] est (..) inférieur de presque moitié par rapport à 2005. Si la France se désindustrialise, l'Allemagne affiche, elle, une production record à près de 5,9 millions de voitures en 2011. Elle produit 3,4 fois plus de voitures sur son sol que la France ».
Or, ce ne sont pas les derniers chiffres qui vont nous rassurer. Les immatriculations de voitures neuves dans l'Hexagone ont en effet plongé de 20,7% en janvier sur un an. Ce coup de massue touche au premier chef les marques françaises. Renault a ainsi vu ses ventes s'effondrer de 39,6% (hors Dacia), Peugeot de 29,6% et Citroën de 24,7%. En revanche, deux constructeurs allemands (toujours eux) ont vu leurs ventes s'envoler : celles de Volkswagen ont bondi de 18,2% et BMW de 20% (Challenges.fr du 01/02).
En revanche, au Japon, les ventes de véhicules neufs, hors mini-modèles, ont enregistré un bond de 40,7% en janvier sur un an (UsineNouvelle.com du 01/02).
La Chine a confirmé lundi la fin des mesures de soutien à l'investissement pour les constructeurs automobiles étrangers. Elle consentait jusqu'ici des droits de douane réduits pour des importations de composants et d'équipements. Pékin veut privilégier ses constructeurs nationaux qui s'octroient pour l'instant à peine un tiers du marché (LaTribune.fr du 30/01). Dans la foulée, les autorités chinoises ont annoncé la construction d'un parc industriel destinés aux équipementiers automobiles dans lequel 592 millions d'euros seront investis (UsineNouvelle.com du 30/01).
Constructeurs
Philippe Varin et Eric Besson ont donné le 27 janvier à Poissy le coup d'envoi de la production de la Peugeot 208, la nouvelle « petite » citadine du groupe. Un lancement phare pour PSA mais aussi pour l'industrie automobile française dans son ensemble : commercialisée fin mars, la 208 vise 500 000 exemplaires écoulés par an dans l'Union européenne, dont 30% en France, selon LaTribune.fr. Ce qui en ferait la voiture tricolore, mais probablement aussi européenne, la plus vendue sur le Vieux Continent. Le constructeur a investi 600 millions d'euros dans son développement, dont 150 millions pour Poissy. Il a par ailleurs annoncé mardi un report de quelques mois de son implantation en Inde et son usine de Mulhouse sera à l'arrêt cinq jours en mars pour réduire les stocks (UsineNouvelle.com des 27 et 31/01).
A l'occasion du lancement de la 208, Les Echos du 30 janvier se demandent « comment continuer à fabriquer une petite voiture en France quand, aux portes de l'Europe, un constructeur peut trouver des coûts de main-d'œuvre trois fois moins élevés ? Cette question est revenue à maintes reprises vendredi lors de l'inauguration (...). Philippe Varin a cherché à démontrer qu'il était encore possible de produire en France, même sur un segment particulièrement menacé de délocalisation, celui des petites voitures compactes (...). Selon Denis Martin, directeur industriel de PSA, 'l'écart s'élève à 500 euros par voiture entre les coûts de fabrication de Poissy et ceux de Trnava', l'usine slovaque du groupe qui, avec Mulhouse, assemblera la 208 (...). Selon un ancien salarié (...), le différentiel serait (...) plutôt de 1 000 euros... Et pour cause : le coût horaire de la main-d'œuvre s'élèverait à seulement 10 euros en Slovaquie, contre 33 euros en France. Mais il n'y a pas que le coût du travail qui entre en ligne de compte. 'Entre les deux usines, nous gagnons encore 100 euros de plus en produisant à Trnava du fait que l'usine est plus efficiente, car plus récente', explique Denis Martin. Pour une voiture dont le prix d'entrée se situe autour de 12 000 euros, ces économies ne sont pas négligeables, surtout dans le contexte actuel de guerre des prix ». Et l'article de se demander si ce surcoût de production en France est « le prix à payer pour éviter de coûteuses fermetures d'usines, à la fois sur le plan financier et en termes d'image ».
Carlos Ghosn, le patron de Renault, n'a visiblement pas le même cas de conscience puisque pour lui, délocaliser crée des emplois. Il a ainsi déclaré le 27 janvier : « quand nous mettons en place une nouvelle usine dans un pays à l'étranger, c'est notre ingénierie en France qui travaille, ce sont les gens du produit en France qui travaillent, de la logistique, ce sont souvent des fournisseurs français (...). Ça crée beaucoup d'emplois » (UsineNouvelle.com du 27/01). Or le ministre algérien de l'Industrie a annoncé mercredi la signature imminente d'un protocole préalable à l'installation d'une usine du constructeur dans le pays. Ce dernier ne confirme pas (UsineNouvelle.com du 01/02). C'est dommage : ça aurait créé des emplois en France.
BMW veut se donner une forte aura écologique en commercialisant début mars une berline essence-électrique. Une façon relative de descendre en gamme. Le constructeur va également commercialiser en septembre une Série 3 hybride plus modeste (LaTribune.fr du 30/01).
En 2012, Mercedes compte investir deux milliards d'euros en Chine et plus de 1,8 milliard aux Etats-Unis (UsineNouvelle.com du 01/02).
Fiat a présenté mercredi de très bons résultats, avec un bénéfice net d'1,7 milliard d'euros pour 2011, essentiellement grâce à Chrysler (UsineNouvelle.com du 01/02).
General Motors a annoncé le même jour investir 200 millions de dollars au Texas. Il créera 180 emplois dans sa nouvelle usine d'Arlington (UsineNouvelle.com du 01/02).
Grâce notamment à la reprise aux Etats-Unis, Ford a triplé son bénéfice net en 2011 mais quadruplé ses pertes en Europe au dernier trimestre (Les Echos du 30/01).
Malgré la catastrophe japonaise, Nissan a affiché en 2011 une production historique, en progression de 14,3%. Il a notamment accru fortement ses volumes en Amérique du Nord, en Chine où il produit davantage désormais qu'au Japon... et en Europe. Le constructeur, dirigé par Carlos Ghosn, est en effet l'un des plus délocalisés du monde, puisqu'il ne réalise plus désormais que 24% à peine de sa production dans son pays d'origine (LaTribune.fr du 30/01). Que ce dernier ne s'inquiète pas : cela a forcément permis d'y créer beaucoup d'emplois !
En revanche, son compatriote Honda, qui a souffert du séisme dans l'Archipel, des inondations en Thaïlande et d'une parité yen-dollar défavorable, voit, comme nombre d'industriels locaux, son résultat d'exploitation 2011-2012 plonger de 65% (LaTribune.fr et UsineNouvelle.com du 31/01).
Equipementiers / Sous-traitants
Michelin suspend ses projets d'expansion en Hongrie. L'incertitude liée à la politique économique du gouvernement conservateur de l'ancien libéral Viktor Orban a lourdement pesé dans cette décision (UsineNouvelle.com du 26/01).
Revue de presse automobile du 3 février 2012 éditée par l'équipe du MIDEST