Laurent Wauquiez, secrétaire d'État à l'Emploi, annonce en exclusivité au Dauphiné Libéré, qu'une aide supplémentaire sera accordée au secteur du décolletage de la vallée de l'Arve.
Elle concerne la formation des salariés. Un million d'euros débloqué en plus des aides accordées à l'ensemble du secteur automobile (7,8 milliards), la sous-traitance bénéficiant de 600 000 euros.
Pourquoi ce nouveau geste ?
Dans la vallée, la crise automobile se diffuse partout depuis l'automne dernier et les entreprises ont recours au chômage technique. La chute de l'activité continue. Si des plans sociaux n'ont pas été annoncés, le risque est grand de voir des entreprises sous-traitantes en grande difficulté avec des licenciements à la clé...
« J'ai été alerté par les trois députés haut-savoyards (NDLR: Bernard Accoyer, Lionel Tardy et Martial Saddier) sur cette situation difficile. Plusieurs rencontres avec des dirigeants d'entreprises de la vallée ont été organisées » explique le secrétaire d'État.
Martial Saddier témoigne sur les difficultés du secteur : « Cette crise, c'est du jamais vu avec des baisses d'activités de l'ordre de 50 à 70 %. Nous devons anticiper la reprise. Et tout faire pour que le capital humain ne disparaisse pas. Cela passe bien sûr par des mesures concernant le chômage partiel mais cela doit être aussi doublé d'une politique de formation à mettre en place dès aujourd'hui. C'est le message que nous avons voulu faire passer au ministre. »
Rappelons que les aides en direction du secteur de l'automobile se chiffrent d'ores et déjà à 7,8 milliards d'euros d'aides, dont six milliards de prêts à taux préférentiels pour Renault et PSA Peugeot Citroën, en contrepartie d'engagements sur le maintien de la production en France. Il faut compter également deux milliards d'euros pour les établissements financiers des deux constructeurs qui financent les achats de voitures à crédit. Et 600 millions d'euros aux sous-traitants. La part de l'État dans le paiement de l'heure chômée va en outre passer de 1,50 à 1,75 euro.
Dans ce contexte, le secrétaire d'État à l'Emploi Laurent Wauquiez nous a accordé une interview.
Sur quels fonds va être pris ce million d'euros destiné au décolletage haut-savoyard ?
« Sur la ligne nationale du FNE formation, en plus de l'aide au chômage partiel. Un million d'euros, l'État fait donc un geste important pour les décolleteurs de la vallée de l'Arve. Il vient en plus du plan d'aide à l'automobile. C'est maintenant aux organismes collecteurs des fonds de formation et au conseil régional de suivre.
Parallèlement, il faut activer la convention de reconversion des salariés, action personnalisée qui permet de retrouver un emploi. »
Pourquoi cette aide sur un secteur très ciblé et une aire géographique précise ?
« Cela correspond au pôle de compétitivité de cette vallée. J'ai aussi été convaincu par des dirigeants d'entreprises qui ont une vraie volonté de limiter les licenciements et un vrai projet collectif de formation.
Enfin, je suis un partisan de la sectorisation des aides. L'État ne peut se contenter de voter de grandes lois, il doit aussi être capable de s'occuper d'une vallée, par exemple.
Développer la formation c'est une manière d'anticiper les conséquences de la crise. La richesse du décolletage c'est bien le savoir-faire de ses salariés. »
« Je vais suivre personnellement ce dossier »
Y aura-t-il des contreparties aux aides de l'État comme le maintien des sites dans la vallée, par exemple ?
« La nouveauté dans cette affaire, c'est la rapidité avec laquelle l'État apporte sa réponse. Je vais suivre personnellement ce dossier avec les élus et je veux voir des retombées positives sur l'emploi.
De cette opération en Haute-Savoie, je veux en faire un exemple. Mais je n'apporte pas de solution toute faite.
Ce sont les acteurs locaux qui doivent prendre les choses en main, ce sont les mieux habilités à répartir cette aide pour quelle soit efficace. L'objectif premier c'est bien de ne pas perdre un emploi. Mais cette aide n'implique pas de garanties sur le maintien des sites. »
Les organisations syndicales et donc les salariés seront associés?
« C'est aux acteurs locaux de se prendre en charge et les organisations syndicales ont évidemment leur mot à dire. »
Nos partenaires européens voient dans le plan français un renforcement du protectionnisme. Ne risquons-nous pas de nous isoler ?
« Je ne vois pas où il y a protectionnisme à partir du moment où chaque pays s'est construit un plan de sauvegarde de son industrie automobile. Mais il est vrai qu'il n'y a pas de plan européen coordonné. Là aussi il faut agir très vite et la communauté européenne met quelquefois trop de temps à prendre des décisions. Et perdre du temps, cela risque d'être préjudiciable face l'ampleur de cette crise. »
QUELQUES CHIFFRES
- Les ventes de voitures en France ont reculé de 7,9 % en janvier après -14 % en novembre et -15,8 % décembre. Les ventes de Renault ont chuté de 20,9 % en janvier et celles de PSA de 11,2 %.
- Le décolletage dans la vallée de l'Arve c'est 600 PME. 60% du chiffre d'affaires total de la vallée dépend du secteur auto. Si le chômage partiel est répandu pour faire face à la baisse d'activité, il n'y a pas encore eu de plans sociaux de grande ampleur.