Une semaine après la tenue des premières assises du décolletage à Cluses, UsineNouvelle.com revient le 11 février sur l’événement avec René Nantua, consultant du syndicat national du décolletage (S.N.DEC). Cette initiative provient d’un constat de déclin du secteur : « nous avons pris conscience du fait que les marchés pour lesquels nous travaillons sont en croissance depuis cinq ans. Du côté du décolletage, la tendance est inverse : plutôt stable, voire à la baisse. Nous avons remarqué que depuis une dizaine d’années, nous ne sommes plus capables de profiter de la croissance du marché, notamment dans la vallée d’Arve, qui regroupe 70 % du chiffre d’affaires du décolletage. Avec les Assises, nous voulions sensibiliser tous les protagonistes (industriels, Etat, collectivités locales) sur ces difficultés ».
Les raisons de ce déclin, selon M. Nantua, sont doubles : « 40 % des grandes locomotives du secteur sont passées sous le contrôle de fonds de pension, qui ont réduit à néant le niveau d’investissement. D’où une perte de compétitivité certaine. Car dans le domaine du décolletage, les entreprises ont besoin de lourds investissements chaque année. A cela s’est ajouté un important déficit en termes de marketing. Nous sommes trop peu présents pour pouvoir conquérir des parts de marché, notamment à l’étranger ».
Aussi a-t-il été décidé de lancer un plan nommé Expansion 2020 : « pour pouvoir profiter de la reprise économique, nous avons établi, le syndicat national du décolletage et le pôle de compétitivité Arve Industries Mont-Blanc, un projet sur dix ans. L’objectif est de gagner un milliard d’euros de chiffre d’affaires pour le secteur (soit atteindre trois milliards d’euros), de gagner 2 % de valeur ajoutée en recherche et développement, de gagner 3 000 emplois et d’étendre la part des exportations de 35 à 50 % (…). Sur le plan financier, nous sommes accompagnés par le Crédit Agricole (…) qui met en place deux fonds, qui financeront à hauteur de 40 millions d’euros la restructuration de la filière. Notre but est de reconstituer des locomotives pour se vendre davantage à l’international (…). Cette mesure permettra à plusieurs petites structures de se regrouper pour devenir plus fortes sur les marchés (…). La deuxième mesure sur laquelle nous mettons l’accent prend en compte cette donnée. Elle se fonde sur la mutualisation des efforts au niveau du marketing et de la communication. Nous voulons mettre en place une task force pour huit grands marchés, dont l’automobile et la chimie. Ainsi, nous allons tous ensemble définir une démarche plus visible à l’international par exemple et faire du centre technique du décolletage une vitrine de la filière, qui ne se limitera pas à la R&D comme actuellement ».
Pour autant, la promotion de celle-ci n’a pas été oubliée : « actuellement, l’innovation représente 0,8 % du chiffre d’affaires du secteur. D’ici à dix ans, nous voulons tripler ce chiffre, en misant surtout sur la recherche dans les process et machines de production. Grâce au pôle de compétitivité, nous bénéficions d’avantages comme le crédit impôt recherche ». Enfin, le dernier objectif concerne l’emploi : « même avant la crise de 2008, nous avons perdu des emplois. Entre les années 1990 et 2010, le nombre de salariés du secteur est passé de 22 000 à 14 000. Notre objectif est donc d’en créer 3 000 d’ici à dix ans ».
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