Interrogé le 17 juillet par UsineNouvelle.com après le vote des budgets rectificatifs à l'Assemblée, Geoffroy Roux de Bézieux, le vice-président du Medef, témoignait de la satisfaction des entreprises, tout en affirmant la vigilance de son organisation sur la fiscalité locale. Il ne partage pas en revanche les vues du ministre de l'Economie Arnaud Montebourg sur une répartition des baisses de dépenses publiques en trois - désendettement, fiscalité des entreprises et celle des ménages - car il estime qu'elle conduira à repousser la baisse des dépenses, donc le désendettement.
C'est le dernier point qui semble d'ailleurs le déranger car, selon lui, « la baisse de la fiscalité sur les ménages est en réalité une tentative de relance par la consommation et c'est ce que l'on fait depuis 30 ans ».
La seule baisse de fiscalité qui vaille pour le syndicat semble être celle... des très hauts revenus. C'est du moins ce qui ressort de l'entretien accordé par son président Pierre Gattaz au Figaro et publié lundi : « la situation économique du pays est catastrophique (...). La croissance n'est pas là ! Il n'y a plus d'investissements et plus d'embauches ».
Aussi appelle-t-il l'exécutif à « arrêter d'emmerder les entreprises » (sic) et à un « abandon » de la fameuse taxe à 75%. Car il faut que « nos gouvernants obtiennent auprès des employeurs et des investisseurs français et étrangers leur confiance (...). [La fiscalité doit devenir] une arme de construction massive (...). Nous sommes dans une situation où elle décourage, que ce soit la fiscalité des rémunérations variables, le forfait social, la fiscalité sur les investissements des actionnaires... (...). Il faut [également] regarder le sujet des seuils sociaux, parler de l'interdiction du travail le dimanche et après 21 heures. Le niveau du smic doit pouvoir être discuté avec les partenaires sociaux, pour que les populations très éloignées de l'emploi - un million de chômeurs n'ont pas vu une entreprise depuis deux ans au moins - puissent retrouver un travail » (Nouvelobs.com et UsineNouvelle.com du 21/07).
Et tant pis pour les salariés qui, eux aussi, ont vu leurs impôts très sensiblement augmenter... Le président de la République François Hollande lui a vertement répondu dès lundi soir : « ce n'est pas la première fois qu'il fait ce type de déclaration. À chaque fois, je lui ai dit: 'qu'est-ce que vous cherchez? Si vous avez signé [le pacte de responsabilité], c'est parce que vous pensiez qu'il allait dans la bonne direction. Si vous dites que c'est sans effet sur la France, comment voulez-vous donner confiance aux entreprises et aux Français, comment voulez-vous que les entreprises investissent ?' (...). Ce langage-là doit changer. Il y a un problème d'expression qui peut avoir des conséquences économiques (...). Il est très important sur le plan économique qu'il puisse y avoir, au moins, la prise en considération de ce qu'il s'est fait, [comme la baisse des charges en faveur des entreprises]. Ce n'est quand même pas moi qui ai porté un badge 'un million d'emplois' ! », a-t-il ironisé. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a, lui, jugé qu'avec de tels propos « qui relèvent de la posture et du dogme libéral qui frisent l'aveuglement », Pierre Gattaz se situait « entre thatchérisme et poujadisme » (LeFigaro.fr et UsineNouvelle.com du 22/07).
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