Dans le cadre d’un entretien organisé avec les lecteurs de L’Usine Nouvelle, le ministre chargé de l’Industrie Christian Estrosi revient sur la crise actuelle et développe la position du gouvernement notamment vis-à vis de la situation délicate des sous-traitants, avec comme maître-mot la défense des PME françaises contre leur pillage par des intérêts extérieurs, protection qui passe par le soutien de l’Etat à celles en difficulté, à condition qu’elles se modernisent et constituent un « enjeu d’avenir ».
Ainsi, lorsqu’un membre de la rédaction lui fait remarquer qu’il déploie beaucoup d’énergie autour de dossiers comme celui de Molex dont le sauvetage ne concerne pourtant que peu d’emplois, le ministre répond : « une entreprise de 280 salariés mérite autant d’attention que celles qui en emploient 3 000 ou 4 000. Molex est un symbole de ce qu’il faut éviter : une entité étrangère qui rachète une entreprise française avec ses brevets et qui se retire après quelques années. Les règles françaises font que personne ne peut s’y opposer. Ce genre de pratiques n’est plus possible. La crise économique a été le révélateur de beaucoup de fragilités qui sont les nôtres. Mon rôle en tant que ministre de l’Industrie est d’accompagner le repreneur, afin de garantir une remontée en puissance de l’activité industrielle (…). Prenons l’automobile. D’après nos indicateurs, les sous-traitants vont continuer à rencontrer des difficultés, car les bons résultats enregistrés récemment relèvent plus du déstockage que de la reprise de la production. Il faut donc aider les sous-traitants à traverser cette période, mais aussi veiller à ce qu’ils en profitent pour modifier leur outil de production ». Un peu plus loin, il souligne qu’il est conscient que « pour beaucoup d’entreprises, souvent en difficulté, des problèmes d’accès au crédit persistent (…). Si les banques sont là pour prêter de l’argent à ceux qui en ont déjà, nous y perdrons beaucoup… Nous ne laisserons pas les PME françaises être affaiblies, puis être attaquées. Ce sera le grand sujet du débat de l’automne. Par exemple, dans la vallée de l’Arve, on voit des prédateurs prêts à rentrer dans le capital de sociétés. Nous ne devons pas laisser faire. Nous allons accompagner au capital les entreprises en difficulté et allons mettre en place un fonds dédié aux PME, comparable au Fonds stratégique d’investissement (FSI), qui est un outil formidable d’entrée dans le capital de manière provisoire. Il faut agir vite, pour ces milliers de PME engagées sur des produits innovants et qui sont menacées. Nous sommes prêts à aller là où les structures financières n’assurent pas l’accompagnement des PME ».
Les propos concernant le Fonds sont néanmoins nuancés dans les pages de l’hebdomadaire qui reprend des critiques formulées par Yvon Jacob, le président de la Fédération des industries mécaniques, lors de la conférence de presse du MIDEST la semaine dernière. Monsieur Jacob a en effet qualifié de « solution étrange » la mise en place d’un fonds alimenté par les équipementiers pour renforcer les capitaux propres des sous-traitants de rang 2 et plus, car il doute que les premiers aient « une folle envie de mettre au pot… Autre pique : ce fonds s’adresse aux PME sous-traitantes qui travaillent presque exclusivement pour le secteur automobile. Quid des autres ? ».
De son côté, LExpress.fr du 22 septembre modère le sentiment d’urgence qui se dégage des propos du ministre. Selon la revue, Christian Estrosi aurait en effet annulé ces derniers jours plusieurs rencontres de préparation des Etats Généraux de l’Industrie prévus en fin d’année. Le report sine die de ces réunions serait lié à la volonté du gouvernement de caler cette « grand-messe » plus près des élections régionales. Les initiatives qui en sortiraient seraient en effet susceptibles d’influencer favorablement les électeurs à la veille du scrutin…
Dernière minute !
Les commandes à l’industrie ont nettement repris en juillet en France avec + 4,6 % par rapport à juin. Pour les équipements électriques, électroniques, informatiques et machines, la hausse atteint 6,5 % et 22,1 % pour l’industrie automobile, dopée par la prime à la casse. Les commandes venues de l’étranger ont augmenté de 14 % par rapport au mois dernier (UsineNouvelle.com du 22/09).