Tel est le titre d’un article édifiant paru dans UsineNouvelle.com le 4 février et signé Barbara Leblanc. La journaliste écrit : « ‘Catastrophique’, ‘chaotique’, ‘ambiguë’. Telle est la situation des transformateurs de composants, touchés par une crise sans précédent depuis plus de 18 mois. En cause ? La pénurie de composants, conséquence de la crise économique. Une situation qui commence à impacter les constructeurs automobiles comme Volkswagen ou Chrysler.
Dans l’électronique, les fabricants de semi-conducteurs (…) ont baissé leur niveau de production, de peur d’une récession mondiale. Le tout sans anticiper la forte demande de composants en provenance des marchés chinois et indiens. ‘Ils ont préféré servir au mieux les plus gros clients basés dans ces pays au détriment de ceux jugés moins stratégiques en Europe’, explique Richard Crétier, délégué général du syndicat national des entreprises de sous-traitance électronique (Snese). Une situation qui induit une hausse des prix des composants et de gros retards en Europe pour les sous-traitants du secteur. ‘C’est au plus offrant que va la commande’, souligne-t-il. Dans cette course à la surenchère, ‘les sous-traitants n’ont pas le choix : c’est la hausse des prix et le retard ou ils n’ont pas la matière’, précise Patrick Guérinel, à la tête de BSE Electronic. ‘Et force est de constater que pendant ce temps-là, le chiffre d’affaires des fabricants de composants gonfle’, assure Richard Crétier.
Dans la plasturgie, la restructuration de l’industrie de la chimie est en cause, selon Bruno Estienne, président de la fédération. ‘Avec la crise, la chimie a baissé ses capacités, certains acteurs se sont regroupés, souligne-t-il. Désormais pour un produit, nous n’avons plus qu’un seul fournisseur. S’il a des problèmes, c’est toute la chaîne qui est affectée’.
Et les soutiens des clients se font rares. ‘Nous sommes coincés entre des prix en hausse et des donneurs d’ordres importants qui veulent vendre en temps et en heure sans payer plus’ (…). ‘Très tôt, nous avons tenté de les alerter, souligne Richard Crétier. Mais ils ont du mal à nous suivre, car ils ne peuvent plus se positionner sur leurs prix catalogue, du fait de la hausse de 25 % des composants’.
La meilleure manière de résister pour les producteurs de cartes électroniques reste de se tourner ‘vers des marchés plus exotiques, explique le délégué général du SNESE. Ce qui nous manque en Europe existe en Asie’. Ils ont en effet recours à des cataloguistes, qui rachètent des composants et les vendent sur Internet 20 à 30% plus chers, et des brockers, ‘plus éloignés, plus chers et moins sûrs’.
Impossible d’agir ainsi dans la plasturgie. En Chine, les cours de la matière plastique sont les mêmes qu’en Europe, du fait d’une forte demande en produits manufacturés. ‘Ce n’est donc pas économiquement rentable de s’approvisionner là-bas’, souligne la Française des plastiques. Pour Bruno Estienne, l’action doit prendre deux formes : répercuter sur les clients la hausse des matières sans latence et surtout reprendre le dialogue entre les différents acteurs de la filière. ‘Il faut que l’ensemble de la chaîne comprenne que nous sommes tous dans un cas de force majeure’, précise-t-il. Certains sous-traitants accusent en effet les spécialistes de la chimie de ‘faire preuve de mauvaise volonté’ (…).
Pour l’avenir, le pessimisme est de rigueur, tant dans l’électronique que dans la plasturgie. Si les entreprises ont cru à une embellie à la fin 2010, le mois de janvier a été un ‘coup de massue’ avec la hausse des matières premières, selon Bruno Estienne. Pour le mois de février, les premières indications sont tout aussi négatives ».
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