Le Parti Socialiste a dévoilé le 5 avril son programme pour les Présidentielles de 2012. L’occasion, pour UsineNouvelle.com, de publier une longue interview de son secrétaire national à l’industrie Guillaume Bachelay qui dévoile les grandes pistes pour le secteur.
Morceaux choisis : « L’objectif du Parti est de stopper la désindustrialisation grandissante en France et redémarrer l’économie par l’industrie. [Nous proposons] tout d’abord la création d’une banque publique d’investissement. L’objectif est d’y regrouper tous les outils dédiés à l’accompagnement des entreprises et à leur financement. Je pense par exemple au Fonds stratégique d’investissement, à la Cour des comptes, à Oséo ou à la banque postale. Tous sont aujourd’hui séparés, éparses, ce qui provoque dédoublement de fonctions et perte d’efficacité (…). Son but sera d’investir dans la recherche et l’innovation, de soutenir les PME et PMI et de prendre part dans des activités stratégiques et des filières industrielles d’avenir (…). Nous allons la décliner sous forme de fonds régionaux au plus près du tissu économique des régions, des agglomérations, des pôles de compétitivité (…).
Il y a cinq filières sur lesquelles la banque publique d’investissement orientera ses priorités. Il s’agit des mobilités (aéronautique, automobile, espace), des énergies, de la santé et des biotechnologies, l’agroalimentaire et les agro ressources et enfin les réseaux qu’ils soient réels (transport fluvial) ou virtuels (fibre optique, digital). Reste un sixième segment clé : celui de la gestion et la maîtrise des risques industriels et technologiques (…). [Ce dispositif] a deux avantages. Il devrait favoriser les synergies entre grands groupes et PME d’excellence française et permettre la création ainsi de davantage d’entreprises intermédiaires (…). Le second avantage, c’est que toutes ces filières répondent aux besoins des pays émergents où se trouve la nouvelle croissance.
[Sur le plan] des mesures fiscales davantage tournées vers l’industrie (…), j’en vois deux principales. La première porte sur la relance de l’investissement par la modulation de l’impôt sur les sociétés. Ainsi, les entreprises qui réinvestiront leurs bénéfices dans l’innovation, dans les salaires ou dans des projets collaboratifs, verront l’impôt sur les sociétés passer de 33 à 20%. A l’inverse, celles qui distribueront leurs bénéfices aux actionnaires verront l’impôt croître à 40% (…). Cela fait dix ans qu’on multiplie les aides aux grands groupes sans effet sur l’emploi, au détriment des PME. [La seconde est] une réorientation du crédit impôt recherche vers son objectif initial. Soit soutenir et financer les PME innovantes. Nous proposons donc d’arrêter d’en faire un outil d’optimisation fiscale pour les grands groupes et de le recentrer pour les PMI de moins de 500 salariés avec des idées de R&D.
[Toujours concernant les PMI], nous voulons (…) faciliter leur accès aux commandes publiques, car seulement 30 % de marchés publics leur sont ouverts actuellement. Nous devrions proposer à la Commission européenne une sorte de Small Business Act sur ce thème. Nous voulons aussi rendre plus équitable les relations entre les PMI et les grands groupes en simplifiant par exemple les recours juridiques et en diminuant les délais de paiement à 45 jours. Il faut sortir de la dialectique actuelle de maître à esclave.
[Enfin], si on veut une industrie compétitive, il faut une main d’œuvre hautement qualifiée et mobilisable localement. Il faut donc revaloriser son image dès l’éducation. Tout l’enjeu de la formation intervient alors. Le pays ne donne pas assez de places aux filières technologiques et professionnelles. Il faut valoriser ces filières et les visages novateurs de l’industrie, en mettant en place des passerelles entre écoles et entreprises ».
UsineNouvelle.com, qui revient le lendemain sur ces mesures, donne également la parole à Danielle Giazzi, secrétaire nationale en charge de la politique industrielle et de l’attractivité à l’UMP pour exposer les pistes de réflexion en cours dans la majorité, encore au stade de « prémices », selon ses propres termes. Afin de redonner une place plus importante à l’industrie en France, elle recommande de « poursuivre ce que le président de la République, Nicolas Sarkozy, et les deux ministres de l’Industrie, Christian Estrosi et Eric Besson, ont commencé. C’est-à-dire placer l’industrie au cœur des préoccupations de tous. Tout ce qui a été fait depuis quatre ans doit être poursuivi. Je pense notamment aux 23 mesures des Etats généraux de l’industrie qu’il faut mener à terme (…). Même si sur ces dernières années, on a fait plus que les 50 dernières années en termes de courage politique. Par exemple, avec l’instauration de la médiation du crédit, obligeant les banques privées à réinjecter de l’argent dans le circuit des entreprises. Ou avec la médiation de la sous-traitance. Jamais un gouvernement n’avait osé lutter contre les pratiques abusives de certains donneurs d’ordres (…). La plupart des mesures ne dépendent pas d’un financement de l’Etat. Il joue un rôle de veille économique, permettant aux entreprises bien portantes de faire travailler nos secteurs industriels et d’obliger à retisser des liens avec les PMI ».
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