Focus : Relocaliser ? Certes, mais à quel prix ?
Nicolas Sarkozy était en visite mardi en Haute-Savoie, grande région de sous-traitance, dans les ateliers du fabricant de skis des marques Rossignol et Dynastar. Le chef de l'Etat était venu y vanter la « réussite » de sa politique de relocalisation. Depuis un an et demi, le fabricant a en effet rapatrié de Taïwan la production de 60 000 paires de skis.
Mais, souligne UsineNouvelle.com du 14 décembre, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt car « Rossignol n'a pas encore fait beaucoup d'émules. Et les cas de relocalisation sont encore rares ». Depuis un an et demi, seulement 20 aides à la réindustrialisation ont été distribuées, avec à la clef la promesse de 1 525 créations d'emplois d'ici trois ans. En outre, seuls 6 des 20 dossiers correspondent à de la relocalisation ou à un rapatriement de production sous-traitées à l'étranger...
Aussi, pour encourager la production en France, Nicolas Sarkozy entend-il « favoriser le produire en France », plutôt que le « acheter français » : « je préfère acheter une voiture de marque étrangère produite en France plutôt qu'une voiture de marque française faite ailleurs », a-t-il déclaré à Sallanches. D'où la création d'un label « origine France garantie » apposable sur les produits dont la valeur ajoutée est à plus de 50% réalisée en France.
Cela suffira-t-il ? Pas sûr. Le président a en effet été attaqué sur cette mesure lors du débat qui suivait la visite, auquel participaient plusieurs habitués du MIDEST : « Philippe Gallay, le directeur général de TSL, un fabricant de raquettes à neige 100 % française, interpelle le président : "Il faut débourser 5 000 euros par an pour profiter de ce label. C'est quand même cher et les critères sont peu ambitieux. En Suisse, pour obtenir le made, il faut 60% de valeur ajoutée voire 80% pour l'horlogerie mécanique". Le président avance : "Je suis prêt à évoluer sur la part de valeur ajoutée. Que ce soit 50% ou 75%, cela peut changer" ». Autre critique, formulée cette fois-ci par Guillaume Tabard dans son éditorial des Echos du 14 décembre et destinée à l'ensemble des candidats à la présidentielle, en pleine surenchère sur ce thème : « ce patriotisme verbal oublie que c'est à l'échelle européenne que le défi industriel pourra être relevé ».
Hasard de l'actualité, une autre solution se dessine de l'autre côté des Alpes où Fiat prépare sa sortie de la Cofindustria, l'organisation patronale italienne. Le constructeur a en effet trouvé un accord pour instaurer un nouveau contrat de travail avec la majeure partie des syndicats. Il prévoit notamment le versement d'une prime extraordinaire de 600 euros en 2012 pour l'ensemble des salariés du groupe, en contrepartie d'augmentation de rotations de nuit et d'heures supplémentaires. Fiat entend ainsi pouvoir appliquer son propre contrat de travail au niveau national et ne plus être contraint de respecter la convention collective de la métallurgie (UsineNouvelle.com du 13/12). Fort de cette « avancée », Sergio Marchionne, son patron, a présenté officiellement mercredi la nouvelle Panda qui sera fabriquée près de Naples, et non plus en Pologne, grâce aux efforts des salariés italiens (Les Echos du 15/12)... Le prix à payer pour relocaliser ?
Edité par l'équipe du MIDEST