Industrie / Présidentielle : paroles, paroles...
Alors que nous inaugurons cette semaine une rubrique consacrée à l'élection présidentielle, L'Usine Nouvelle du 19 janvier affiche en une la photo d'un Nicolas Sarkozy à la mine renfrognée, entouré d'ouvriers casqués, avec ce titre : « Une usine ferme. Que peut faire l'Etat ? ». Si d'une part, souligne l'hebdomadaire, « notre enquête démontre que l'action la plus efficace ne se fait pas sous l'œil des caméras mais à l'abri des regards », saluant au passage l'action efficace de la Médiation de la sous-traitance, Thibaut de Jaegher rhabille également chaque candidat pour l'hiver en taillant un costume à leurs effets de manches : « ils défilent les uns après les autres. Ils se grisent au contact des ouvriers, y testent leur bagout et leur répartie lorsqu'un ouvrier les interpelle. Ils rivalisent de promesses et de petites phrases, vous savez celles qui leur donneront le temps d'une soirée, d'une journée ou d'une semaine un leadership médiatique. Mais dans le fond, les candidats à l'élection présidentielle -puisque ce sont bien d'eux que l'on parle- n'abordent pas les vraies questions, les vrais problèmes qui font qu'une entreprise ferme. Battant les ateliers (ou la campagne, c'est selon), ils parlent tous de promouvoir le "produire en France" mais ils n'avancent aucune idée nouvelle. Ils tentent surtout de jouer les saints thaumaturges en se rendant en pèlerinage sur des sites industriels et en espérant que leur dévotion et leur bonne parole suffiront à soigner les maux de ces usines. Dans le cas de Petroplus, de Photowatt ou de Seafrance, leur impuissance est frappante. Que peuvent faire les candidats face à une entreprise qui ne peut plus se payer la matière première capable d'alimenter la machine ? Que peuvent-ils pour une entreprise dont les produits sont obsolètes ? Que peuvent-ils face à un marché qui se dérobe ? Pas grand-chose à vrai dire, pour ne pas dire rien. Sur les causes profondes de ces fermetures de sites, ils n'ont aucune prise. On me rétorquera que s'ils ne se déplaçaient pas, cela serait désastreux pour leur cote de popularité. Sans doute. Mais on peut regretter qu'ils ne se servent pas de ces cas d'entreprises pour porter un autre message sur l'industrie, pour montrer une autre voie. Les candidats -et leurs électeurs- doivent l'accepter : oui, les usines meurent aussi. Et, non, ce n'est pas une fatalité. A condition de sortir des vieux schémas et de chercher des idées neuves. Pour jouer la carte du "produire en France", les politiques, l'Etat et les collectivités locales ne devraient pas chercher à jouer les sauveteurs mais à innover. Comment ? En réorientant par exemple le système de subventions publiques vers le préventif plus que le curatif. En s'inspirant du travail réalisé en amont par les médiations (du crédit ou de la sous-traitance). Lors de leurs visites dans ces ateliers en péril, les candidats pourraient aussi tracer un avenir plus ambitieux et plus enthousiasmant pour l'économie du pays. Mais, ces dernières semaines, je n'en ai entendu aucun parler de stratégie industrielle, de secteurs en développement, de nouvelles technologies, d'innovations, de start-up. A force, ce mutisme est assourdissant... » (UsineNouvelle.com du 16/01).
Edité par l'équipe du MIDEST