Savez-vous à quoi l'on pressent qu'une élection est jouée ?
A certaines déclarations patronales avant même le premier tour. Interrogé sur BFM Business le 19 avril, Jean-François Roubaud, le patron de la CGPME, a estimé que la situation ne serait pas du « tout la même » qu'en 1981 en cas de victoire de François Hollande. A l'époque, « le PS n'était pas très penché vers l'économie, l'équilibre et les entreprises. Depuis quelques années, on voit bien qu'il y a un progrès énorme (...). Dans le programme de M. Hollande, il y a des vraies valeurs d'économie, on parle d'économie, on parle de l'entreprise, ce qu'on n'imaginait pas auparavant » (UsineNouvelle.com du 19/04). Quant au Medef, Lexpansion.com du 18 avril s'interroge : « Laurence Parisot a-t-elle viré sa cuti ? A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, la patronne des patrons a trouvé de bon ton de faire le premier pas en direction de François Hollande. Le Medef est "prêt" et même "impatient" de travailler avec le prochain gouvernement, a-t-elle clamé (...) devant les journalistes. "Quel qu'il soit", a-t-elle surtout insisté, sans laisser place à l'ambigüité ».
De fait, la campagne électorale semble laisser de marbre les dirigeants d'entreprises moyennes ou intermédiaires qui participent chaque mois à l'enquête de l'Observatoire OpinionWay de la performance des PME-ETI. Ils ont même le moral en hausse avec un taux de confiance de 38% inédit depuis le printemps 2011, et estiment à 67% que cette période particulière n'a pas d'impact sur leur chiffre d'affaires. Les intentions d'embauches nettes à six mois du panel sont même en hausse (UsineNouvelle.com du 19/04).
Il est vrai que les industriels auraient tort de s'inquiéter, à en croire UsineNouvelle.com du 23 avril. Au lendemain du premier tour, la newsletter se demande « comment départager Nicolas Sarkozy et François Hollande en matière de politique économique ». Le site s'est penché attentivement sur leurs programmes pour y distinguer les convergences, les divergences, les contradictions et les zones de flou. Mais il constate qu'il est « difficile de faire ressortir des oppositions de fond dans la stratégie industrielle défendue par les deux partis. Soutien aux filières, investissements d'avenir... ils veulent faire la même chose. Même si François Hollande souhaite confier (un peu) plus de pouvoir aux régions, il entend garder un grand ministère de l'Industrie ».
Conclusion : si le moral des industriels français s'est une nouvelle fois dégradé en avril selon les chiffres de l'Insee publiés lundi, ce n'est pas en raison d'une éventuelle alternance politique, mais à cause de la dégradation des carnets de commandes. L'indicateur du climat des affaires a en effet reculé à 95 points contre 98 en mars, niveau inférieur à la moyenne de longue période fixée à 100 points. « Les carnets de commandes globaux se dégarnissent légèrement et sont jugés peu étoffés ; les carnets de commandes étrangers se dégarnissent très nettement », commente l'Insee qui précise que l'activité devrait être peu dynamique dans les prochains mois (UsineNouvelle.com du 23/04).
Edité par l'équipe du MIDEST