Spécial élection présidentielle semaine 20
Laurent Guez, dans son éditorial de L'Usine Nouvelle du 10 mai, demande à juger François Hollande sur ses actes, et non ses paroles : « dans son tout premier discours (...), le Président élu a énoncé les défis qui seront les siens. Avant la réduction de la dette, avant la préservation du modèle social, avant l'éducation, avant la réorientation de l'Europe, le premier défi que s'est lancé François Hollande, depuis la place de la Cathédrale de Tulle, fut "le redressement de la production". Eh oui, l'industrie, thème central de la campagne, le restera après la campagne ! Une nouvelle réjouissante pour tous ceux qui aiment les usines et croient en elles (...). Cela dit, quelle place occupera réellement la réindustrialisation durant le quinquennat - et qu'en restera-t-il en 2017, à l'heure du bilan (...) ? Souhaitons que Francois Hollande tienne le cap. La justice – à laquelle il est si attaché - ne pourra être rendue que si le PIB sort de sa léthargie. Le rêve français ne pourra être réenchanté que par l'innovation, technologique, fiscale, sociale, culturelle. Ne nous racontons pas d'histoire : la banque publique d'investissement, la modulation de l'impôt sur les sociétés et l'effort porté sur les PME ne généreront pas de rebond rapide. Il faudra semer les graines de la compétitivité et attendre patiemment qu'elles germent, puis donnent leurs fruits au cours des cinq, voire dix prochaines années. Élu (...) pour gouverner jusqu'en 2017, le président de la République doit se fixer un horizon plus lointain. Gerhard Schröder, social-démocrate réaliste comme François Hollande, avait modifié en 2002 tous les paramètres de performance des entreprises de son pays. Quelques années plus tard, l'Allemagne se relevait ».
Selon un sondage TMO Régions pour Le Journal des Entreprises, seuls 24% des cadres et dirigeants des PME disent faire confiance au nouveau président en matière économique. 79% estiment que l'arrivée de François Hollande n'est pas une bonne chose pour sortir de la crise de la dette notamment. 74% pensent aussi qu'il ne pourra pas réduire le chômage. 59% estiment que l'élection ne changera rien pour leur PME elle-même. Lors du dernier sondage, en décembre, 53% des sondés avaient émis un jugement négatif sur le bilan du président sortant Nicolas Sarkozy (UsineNouvelle.com du 14/05).
En revanche, et sans surprise, la CGT s'est félicitée du résultat de l'élection. Mais le véritable changement passera, selon elle, « par la création d'emplois, l'augmentation des salaires (...), un haut niveau de protection sociale et une véritable politique industrielle ». Sur ce dernier chapitre, Mohammed Oussedik, membre du bureau national en charge de l'industrie, voit deux urgences pour « passer la crise et la croissance atone prévisible de cette année ». Il faut selon lui, pour éviter les plans sociaux, activer puissamment les mesures de chômage partiel : « il est surtout utilisé par les grands groupes. Il faut contrôler les contreparties et le rendre accessible aux PME en augmentant son financement et sa simplicité de mobilisation ». L'autre question à régler est la stratégie industrielle des grands groupes qui, dans le contexte actuel, pourraient être tentés d'accélérer leur réorganisation : « nous sommes très inquiets sur PSA avec sa stratégie d'alliance avec GM ». Deuxième mesure d'urgence : le financement des entreprises. « Il faut mettre en œuvre très rapidement le circuit de financement ciblé sur les PME et les ETI ». Ces financements doivent, selon lui, impliquer les fonds publics du pôle d'investissement promis par le candidat mais aussi la sphère bancaire privée « à qui il faut fixer des obligations ». L'Etat doit exiger un fléchage, y compris de l'assurance vie : « si on arrive à dégager 5 ou 6 points là-dessus, on peut monter à 60 milliards d'euros de financement pour les PME de l'industrie » (UsineNouvelle.com du 10/05).
Edité par l'équipe du MIDEST
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