La France est bien entrée en récession, enchaînant deux trimestres consécutifs de contraction de son Produit Intérieur Brut (PIB), a annoncé mercredi l'Insee, avec une baisse de 0,2% au premier trimestre 2013 équivalente à celle enregistrée au dernier trimestre 2012 (Challenges.fr du 26/06). Malgré une quasi-stagnation en mai, le chômage devrait continuer de grimper en fin d'année pour atteindre 10,7% en métropole, très proche du record historique, selon les chiffres publiés le 20 juin par l'Insee. Lesquels mettent à mal l'objectif du président François Hollande d'inverser la courbe d'ici décembre. Concernant les prévisions de croissance pour 2013, le PIB progresserait de 0,2 % au deuxième trimestre avant d'être stable au troisième (0 %) et au quatrième (+ 0,1 %). « L'activité resterait terne d'ici à fin 2013 », résume l'Insee. Seul le redémarrage des exportations vers la zone euro, en particulier outre-Rhin en raison de la relance de l'Allemagne, devrait donner un peu de tonus à l'industrie en 2013. Le secteur s'est aussi remis à reconstituer ses stocks, même si le moral des industriels reste à bas. Mais pour créer un véritable élan, encore faudrait-il que la demande intérieure embraye à son tour... Or tous les moteurs internes sont en panne sèche. La consommation des ménages, qui pèse pour 56% du PIB français, devrait stagner jusqu'à la fin de l'année. Quant aux entreprises, même si leurs marges se stabilisent après deux ans de baisse, elles coupent dans leurs investissements (UsineNouvelle.com et Challenges.fr du 21/06).
Le gouverneur de la Banque de France est plus pessimiste : selon lui, il se pourrait que le pays ne puisse pas échapper à une récession cette année (UsineNouvelle.com du 24/06).
Il y a néanmoins quelques signes positifs. Ainsi, la contraction de l'activité dans le secteur privé français a ralenti plus qu'attendu en juin, le secteur manufacturier comme celui des services connaissant une amélioration par rapport à mai sans renouer toutefois avec la croissance, selon les premières estimations PMI publiées par Markit. L'indice connaît son plus haut de 10 mois. Pour Markit, « les entreprises pensent que le pire est peut-être passé, la situation montre des signes de stabilisation » (UsineNouvelle.com du 20/06). Impression confirmée par l'indicateur général du climat général des affaires en France publié le 25 juin par l'Insee, lequel, s'il demeure très bas, a tout de même légèrement progressé en juin (UsineNouvelle.com du 25/06).
D'après l'Insee, les délocalisations ont entraîné 20 000 suppressions de postes de 2009 à 2011 en France dans les sociétés marchandes non financières de plus de 50 salariés. Dans l'industrie manufacturière, particulièrement concernée, 11 500 postes ont ainsi été supprimés, soit 0,6% de l'emploi salarié de l'ensemble des sociétés (UsineNouvelle.com du 21/06).
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg s'est distingué le week-end dernier en accusant le président de la Commission européenne José Manuel Barroso d'être « le carburant du Front national », après ses propos qualifiant la position française sur l'exception culturelle de « réactionnaire ». Il a critiqué « toute cette classe dirigeante européenne, qui ne voit pas que l'Union européenne est la seule région du monde qui a organisé en quelque sorte sa propre récession, alors que partout dans le monde, c'est la croissance (...). Je crois que la principale cause de la montée du Front national est liée à la façon dont l'UE exerce aujourd'hui une pression considérable sur des gouvernements démocratiquement élus (...). Finalement, l'Union européenne ne bouge pas, elle est immobile, paralytique. Elle ne répond à aucune des aspirations populaires, sur le terrain industriel, sur le terrain économique, sur le terrain budgétaire, et finalement, ça donne raison à tous les partis souverainistes, j'allais dire anti-européens, de l'UE (...). Cette maladie de la bruxelloise va être fatale aux Européens » (Challenges.fr et Capital.fr du 23/06).
Sans surprise, ces déclarations ont provoqué une vive émotion à Bruxelles. Le commissaire Michel Barnier a rencontré lundi François Hollande pour évoquer le « cas Montebourg ». M. Barroso
lui-même s'est défendu : « certains souverainistes de gauche ont exactement le même discours que l'extrême-droite. Il serait bon que certains responsables politiques comprennent que ce n'est pas en attaquant l'Europe et en essayant de faire de la Commission européenne le bouc émissaire de leurs difficultés qu'ils arriveront très loin » (LeFigaro.fr du 24/06). Sur BFM TV, Alain Juppé a taclé sévèrement Arnaud Montebourg, « ministre le plus improductif du gouvernement ». Il serait même « en grande partie responsable de la panne de tous les moteurs de la croissance aujourd'hui. Quand on stigmatise les patrons des grandes entreprises, les patrons de PME, qui sont loin de gagner un million d'euros, se sentent concernés. Cela crée un sentiment de défiance tout à fait négatif » (UsineNouvelle.com du 24/06).
En revanche, Claude Bartolone, le président de l'Assemblée nationale, est venu au secours du ministre mercredi dans les colonnes du Parisien. Et il n'y va pas de main morte : « Barroso est un homme dépassé. Quand Angela Merkel dit qu'il est une erreur de casting, elle a raison : il n'a rien compris au film. Sa manière d'agir est insupportable. En fin de mandat, il est décomplexé : chassez le naturel et son libéralisme revient au galop. Mais surtout, Barroso incarne une Europe qui ne correspond plus au monde actuel. C'est l'Europe du XXe siècle, celle de la libre circulation des marchandises et des capitaux, de la marche forcée vers l'austérité. Barroso, ce n'est pas l'Europe du XXIe siècle, plus protectrice, plus préoccupée par la croissance et l'emploi ».
« C'est un paradoxe », souligne mardi UsineNouvelle.com : « plus de la moitié des Américains et des Chinois jugent que l'industrie française est compétitive par rapport à la leur. A l'inverse, seuls 28% des Français partagent ce sentiment, selon un sondage réalisé par l'Ifop ».
« Financement des PME : les banques se défendent de ne pas prêter suffisamment », titrait lundi LaTribune.fr : « lors des Assises européennes du financement des PME, qui se déroulaient ce lundi à Bercy, les patrons du Crédit Mutuel et du Crédit Coopératif ont rappelé qu'eux aussi étaient des entrepreneurs. Et, qu'à ce titre, ils ne prêtaient qu'à des sociétés suffisamment solides pour les rembourser »...
Près de huit mois après leur présentation, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault défend, dans L'Usine Nouvelle de cette semaine, les 35 mesures du pacte de compétitivité. Il assure notamment que le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) a permis d'améliorer les marges des entreprises et garantit que la transition énergétique ne se fera pas sur le dos des industriels.
Si une note de l'Insee affirme également que le CICE a permis de faire baisser le coût de travail en France, ce constat global cache de fortes disparités : s'il profite largement aux services, il n'a pas le même impact dans l'industrie. UsineNouvelle.com du 20 juin explique : « les raisons de cette disparité sont connues. Le gouvernement, qui avait fait du redressement de la production sa priorité l'an dernier, a modifié ses plans en cours de route. Il n'a pas souhaité réserver cette mesure aux industriels et a décidé d'asseoir le CICE sur une assiette de salaires allant jusqu'à
2,5 fois le SMIC. Ceci permettant d'y inclure 80% des entreprises. Ce choix excluait de fait une bonne partie des salariés très qualifiés qui œuvrent dans l'industrie et dont les salaires sont plus élevés (...). Des intentions aux actes, il y a clairement eu un glissement. Décidé au départ pour sauvegarder la compétitivité de nos usines (comme le suggérait le rapport Gallois), le CICE a été détourné pour répondre à un objectif d'emploi. L'ambition est louable en soi (...) mais elle laisse en chantier la question des marges des entreprises industrielles. Pour permettre à nos usines de se battre face à la concurrence mondiale, il faudra pourtant les redresser rapidement, en allégeant les charges qui pèsent sur elles. Et le CICE n'y suffira pas. Bien sûr la compétitivité n'est pas qu'une question de coût du travail, mais si celle-ci n'est pas traitée, il y a de fortes chances pour que ses autres composantes (innovation, montée en gamme, formation...) ne le soient pas non plus ». Interrogé sur BFM Business, le directeur général de la banque publique d'investissement a, pour sa part, reproché aux petites et moyennes entreprises de ne pas faire suffisamment appel à ses services en général, et au CICE en particulier (UsineNouvelle.com du 24/01).
Edité par l'équipe du MIDEST