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En vedette cette semaine : le plan de sauvetage de l’automobile

1. Le contenu du plan

Les médias ont abondamment repris l’annonce du plan faite par Nicolas Sarkozy lundi après-midi et qui a surpris par sa rapidité. La raison : la parution attendue dans la semaine des résultats annuels des deux grands groupes qui s’annonçaient mauvais. Ainsi, l’agence de notation financière SP avait, dès la semaine dernière, placé sous surveillance négative la note d’endettement à long terme des deux constructeurs (LesEchos.fr du 04/02). Il fallait donc limiter les dégâts que ne manqueraient pas de causer ces annonces.

Version la plus communément reprise dans les médias : en échange d’un prêt à taux bonifiés (6 %) de 6,5 milliards d’euros sur 5 ans (3 pour Renault, 3 pour PSA et 0,5 pour Renault Trucks) qui s’ajoute à la suppression de la taxe professionnelle annoncée pour 2010 par le Président de la République la semaine dernière, les constructeurs s’engagent à ne pas licencier, délocaliser, ni fermer d’usine en France pendant la durée du prêt, et à modérer les dividendes et la rémunération de leurs dirigeants (Le Figaro, LExpress.fr et LePoint.fr du 09/02, L’Usine Nouvelle du 12/02).
Autre mesure annoncée, le fonds de soutien aux équipementiers, jusqu’à maintenant doté de 300 millions d’euros, sera doublé. Renault, PSA et l’Etat apporteront chacun 100 millions supplémentaires, « de façon à créer, sur le modèle allemand, des entreprises de taille plus importante, avec une capacité d’investissement et d’innovation supérieure ».


Voici pour la partie émergée de l’iceberg, reprise par la plupart des journaux et revues.
Mais d’autres mesures ont également été annoncées, que révèle UsineNouvelle.com du 11 février.  Ainsi, l’aide aux établissements financiers des deux constructeurs est doublée pour atteindre 2 milliards d’euros. Le secteur automobile dispose en sus d’une convention particulière sur le chômage partiel qui permet d’améliorer l’indemnisation par l’Etat de 1,5 à 1,75 euro par heure chômée selon la taille de l’entreprise, valable trois mois et renouvelable une fois, les signataires s’engageant à conserver les emplois concernés pendant une durée équivalente au double de celle de la convention. L’Etat fixe également un objectif de formation pour les salariés concernés. Il investit aussi 15 millions d’euros dans le plan « Qualité et Performance 2010 », destiné à améliorer les performances et la productivité des entreprises françaises par le biais de formations créées par les constructeurs et les équipementiers de rang 1. La France a également demandé à la Banque Européenne d’Investissement de renforcer son programme d’aide au développement de véhicules propres et assistera les équipementiers et sous-traitants qui déposeront des dossiers pour bénéficier de ces aides. Toujours dans ce domaine, le fonds de l’ADEME consacré aux véhicules décarbonés, doté initialement de 400 millions d’euros, est augmenté de 50 millions et l’Etat se déclare prêt à mobiliser 250 millions supplémentaires sous forme de prêts à taux bonifiés pour faciliter l’implantation de sites d’assemblage de batteries ou la création de partenariats industriels.  Enfin, une instance sera chargée de suivre la bonne application du nouveau code de performance et de bonne pratique entre fournisseurs et donneurs d’ordres, qui améliore les conditions de facturation et de financement des études et outillages, et devrait être détaillé à la fin du mois.

 

2. Les réactions

Dans les médias, seuls quelques supports, comme Challenges.fr, ont relevé un bémol de taille dans l’annonce des mesures par Nicolas Sarkozy : « Renault et PSA ont pris un engagement très important (…) de tout faire pour éviter les licenciements » ! UsineNouvelle.com des 9 et 10 février relève également que ce plan arrive alors même que de nombreuses suppressions d’emplois ont déjà été effectuées ou sont en cours.

Du côté des constructeurs, dans Le Monde du 10 février, Christian Streiff qualifie le plan d’équilibré et assure que « l’industrie automobile n’a pas fauté », rejetant la responsabilité sur les banques qui ne font pas « leur travail de prêteur ». Il confirme, comme Carlos Ghosn, s’être « engagé à ne pas procéder à un plan social en 2009 » mais précise que le plan de départs volontaires de 3 500 personnes lancé fin 2008 restera « ouvert plus longtemps afin d’augmenter le nombre de ces départs »… Selon lui, sans le plan d’aide, « nous aurions dû arrêter notre effort de recherche et développement ». Par contre, Volvo, propriétaire de Renault Trucks, refuse l’aide française, jugeant la contrepartie trop contraignante (Direct Matin du 11/02).

Les syndicats, quant à eux, se déclarent sceptiques sur la capacité des pouvoirs publics à faire respecter ces engagements dans la durée (La-Croix.com du 09/02). Néanmoins, la CFDT a salué « l’ampleur nettement plus adéquate » du plan, tout en estimant « indispensable » de préciser les engagements des constructeurs envers les sous-traitants (LesEchos.fr du 10/02). L’Association Française de Forge est plutôt satisfaite (voir encadré dans la rubrique « métaux »).

Au niveau international, des grincements de dents se font entendre du côté des pays d’Europe orientale où Renault et PSA sont implantés, notamment en Slovaquie et en République tchèque (La-Croix.com du 09/02). La Commission européenne, qui annonce qu’elle va examiner le plan de très près, la Suède et l’Allemagne émettent également des réserves très fortes et mettent Paris en garde contre toute tentation protectionniste (Challenges.fr du 06, LeFigaro.fr, UsineNouvelle.com, LeParisien.fr, LesEchos.fr et LeMonde.fr du 10/02).
Anticipant ces réactions, Luc Chatel avait, dès lundi, assuré que le plan « respecte pleinement les règles européennes de la concurrence ». Mercredi, il estimait « légitimes » les contreparties exigées des constructeurs « au moment où le contribuable français fait des efforts » (LesEchos.fr du 11/09) et Nicolas Sarkozy lui-même, en visite au Koweït, affirmait qu’il « n’y a rien de protectionniste du tout » dans ces annonces (Challenges.fr du 11/02). Le même jour, c’était au tour de Christine Lagarde et de Bruno Le Maire, secrétaire d’Etat aux affaires européennes, de monter au créneau. Pour ce dernier, l’aide française n’est « pas illégale au regard du droit communautaire » (LeFigaro.fr du 10/02). La Ministre de l’Economie, quant à elle, tout en se déclarant contre « un protectionnisme qui serait désastreux pour toutes nos économies » et tout en invitant son homologue allemand pour lui expliquer le plan, demandait « une approche plus européenne de la crise » (Liberation.fr et LExpress.fr du 11/02). Façon élégante de placer face à ses responsabilités l’Union européenne qui s’est, jusqu’ici, montrée totalement incapable de formuler la moindre proposition de relance commune du secteur.
Ceci n’a pas empêché l’un de ses porte-paroles de déclarer crânement, juste après l’annonce du plan français, « la Commission n’autorisera pas des aides qui auraient tendance à miner le marché unique, (…) source de prospérité et d’emplois en Europe (…). S’il y a des mesures qui mettent en cause le marché unique, le risque serait que la récession empire et devienne une dépression comme on en a vu dans les années 30 » (LesEchos.fr du 10/02)…
Suite à ces réactions, on apprenait que François Fillon se rendrait ce jeudi à Bruxelles pour discuter du sujet avec José Manuel Barroso, que le sujet serait abordé vendredi et samedi lors de la réunion du G7 à Rome et que la présidence tchèque de l’Union convoque un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement européens le 1er mars dans la capitale belge, dans le but notamment de renforcer la « coordination » des efforts de relance. Convocation assortie de cette remarque acerbe : « nous allons inviter les chefs d’Etat pour tenter de trouver un équilibre entre ceux qui pensent qu’il est possible de violer les règles et ceux qui ne le pensent pas » (Challenges.fr du 11/02). Ambiance…

 

Par l'équipe du MIDEST – du 17 au 20 novembre 2009

 

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