Le bras de fer a duré jusqu’à dimanche entre la France et la Commission européenne (UsineNouvelle.com du 17 et LesEchos.fr du 25/02). Les constructeurs se sont à leur tour jetés dans la bataille. Pour Carlos Ghosn, « l’Europe ferait mieux de prendre le leadership, plutôt que de critiquer les pays qui soutiennent cette industrie majeure ». A contrario, pour le président de Volkswagen, tout en nuances, « cela n’aidera personne si le protectionnisme agricole français est transposé à l’automobile » (L’Usine Nouvelle du 19/02). Alors que LesEchos.fr du 17 février soulignaient que chaque parti campait sur ses positions, les plans se sont mis à fleurir devant la pusillanimité affichée par la Commission.
L’Espagne, qui a débloqué 4 milliards d’euros (LesEchos.fr du 13/02), et l’Italie ont également conditionné leurs aides au maintien de la production sur leur territoire et l’Allemagne, pourtant fer de lance de la contestation contre la France, a indiqué qu’Opel, filiale de General Motors, pourrait bénéficier d’une aide à condition de maintenir ses opérations outre-Rhin. La Grande-Bretagne et l’Italie ont également mis en place des plans sur lesquels a enquêté la Commission (UsineNouvelle.com du 25/02).
Ce qui fait dire à Nicolas Sarkozy lors d’une visite sur le site de Plastic Omnium dans l’Ain le 26 février : le mélange prime à la casse, bonus et malus, « on a été les premiers au monde à le faire (…). On a été critiqué partout, ils disaient que j’étais protectionniste. Maintenant ils nous imitent » (NouvelObs.com, LeFigaro.fr et Challenges.fr du 26/02). Et le Président de continuer de demander un plan européen coordonné (« il y a autre chose à faire pour l’automobile que d’examiner simplement la compatibilité des aides d’Etat avec les règles de la concurrence des marchés »), tout en s’interrogeant sur la compatibilité des aides américaines avec les règles de l’OMC (LesEchos.fr du 26/02).
Finalement, à l’issue du sommet européen qui s’est tenu à Bruxelles sur la question le week-end dernier, le premier ministre tchèque, à la tête de l’Union, a déclaré que « nous nous sommes mis d’accord pour considérer qu’il n’y avait aucun cas ou aucune menace de protectionnisme dans l’UE ». Pour Nicolas Sarkozy, visiblement ravi de ce succès, grâce au plan français, « nous avons sauvé des groupes qui ont des usines partout en Europe », et ainsi même aidé la Slovénie qui héberge sur son sol une usine Renault !
Toute ambigüité n’est cependant pas levée : afin de mettre un terme à la polémique, la France s’est notamment engagée, selon l’exécutif européen, à ce que « les conventions de prêt avec les constructeurs automobiles ne contiennent aucune condition relevant de la localisation de leurs activités ou de l’approvisionnement en priorité auprès de fournisseurs installés en France ». Mais pour Luc Chatel, l’engagement des constructeurs est avant tout « moral » : « nous n’avons jamais exigé que les constructeurs Renault et PSA rapatrient leurs activités en France. Mais nous leur avons demandé de ne pas fermer leurs usines en France et nous leur donnons les moyens d’améliorer leur compétitivité » (LeFigaro.fr des 28/02 et 02/03). Pour UsineNouvelle.com du 2 mars, « malgré l’odeur de mauvaise foi (…), on voit mal comment les constructeurs pourraient revenir sur leurs engagements en matière de maintien de l’emploi en France, même sans accord explicite (…). En revanche, l’assentiment de Bruxelles devrait leur donner les coudées franches pour investir où bon leur semble en Europe ».
A noter : les départements ont aussi leurs plans de relance ! Ainsi, LesEchos.fr du 26 février nous apprennent que le Conseil général des Yvelines a lancé un plan d’appui à l’automobile de 346 millions d’euros.