Si les pourparlers continuaient avec MAG pour le rachat de l’usine Continental de Clairoix, une source gouvernementale estimait, en fin de semaine dernière et sous couvert d’anonymat, que les chances de reprise s’amenuisaient. Selon elle, « la direction (…) tient un double langage » et elle doutait que « les Allemands soient réellement prêts à céder les bâtiments, le terrain, le savoir-faire et les brevets ». De plus, une reprise « n’est pas viable économiquement (…). Il faudrait que l’usine puisse produire, à l’instar de celle de Timisoara en Roumanie, 25 millions de pneus par an. C’est un minimum pour rivaliser avec les pays asiatiques. Or, le site de Clairoix ne peut dépasser les 8 millions de pneus annuels. Et l’usine, coincée entre une rivière et un chemin de fer, ne peut être agrandie » (LeParisien.fr du 28/05). Rien de très étonnant donc si la journée du 28 mai était marquée par une manifestation à Paris de plusieurs centaines de salariés qui ont brûlé des pneus devant le siège du Medef pour protester contre le piétinement des négociations. Hasard ou conséquence, on apprenait le lendemain qu’au terme d’une énième réunion tripartite avec la direction et l’Etat, les syndicats obtenaient le versement à chacun des 1 120 employés de 50 000 euros, les plus anciens ayant accepté, par solidarité avec les plus jeunes, le principe d’une prime unique. Le délégué CGT estime ainsi qu’avec le congé de reconversion qui court jusqu’à la fin 2011, ils sont sûrs « d’avoir au moins 75 % du salaire jusqu’à 2014 et une prime entre 50 000 et 100 000 euros nette d’impôts ». C’est donc sans surprise que l’accord a été adopté à l’unanimité moins 10 voix par les salariés (LExpress.fr, NouvelObs.com, LePoint.fr et LeFigaro.fr des 31/05, 01 et 02/06).
Du côté de ses propriétaires, les négociations s’annoncent compliquées sur un autre sujet sensible. Selon la presse allemande, le conseil de surveillance de Continental ne serait pas prêt à racheter les activités opérationnelles de Schaeffler qui alourdiraient sa dette de onze milliards d’euros (UsineNouvelle.com du 28/05).
Encouragés par le succès des « Contis » qui les ont d’ailleurs rejoints, 500 salariés de Goodyear Amiens ont bloqué leur usine mardi suite à l’annonce du licenciement de 820 des leurs (LExpansion.com, LeFigaro.fr et LeParisien.fr du 02/06).
Le FMEA (Fonds de Modernisation des Equipementiers Automobiles) investit 4,3 millions d’euros dans Savoy International, spécialisé, au sein du pôle de compétitivité Arve Industries, dans la mécatronique et la connectique automobiles qu’il a développés sur ses métiers historiques du décolletage, du découpage et de la plasturgie (UsineNouvelle.com du 28/05).
La Région Picardie et l’usine Eberspächer de Saint-Michel-en-Thiérache qui fabrique des lignes d’échappement, des pots catalytiques, des silencieux et des filtres à particules, ont signé une convention pour un plan exceptionnel de formation d’un montant de 1,1 million d’euros concernant 138 des 250 salariés. Pour justifier son investissement de 300 000 euros, le Président de la Région souligne que « une entreprise qui met de l’argent dans la formation de ses salariés est une entreprise qui souhaite trouver des solutions pour l’avenir » (L’Usine Nouvelle du 28/05).
Si, selon sa direction, « les contacts auprès des investisseurs se multiplient », Heuliez attend toujours un repreneur sérieux pour viabiliser son projet de développement dans les véhicules électriques. Ils ont jusqu’au 10 juin pour formaliser leur offre (UsineNouvelle.com du 29/05).
L’équipementier américain Visteon a déposé le bilan de ses activités américaines, devenant ainsi le plus gros fournisseur de l’industrie automobile à faire faillite depuis l’intensification de la crise. Ford, son ancien propriétaire qui demeure l’un de ses principaux clients, s’est engagé à assurer une partie du financement de sa restructuration (LesEchos.fr et UsineNouvelle.com des 28 et 29/05). Ayant échoué dans l’acquisition d’Opel, RHJ International se lance à la conquête de Metaldyne qui a déposé son bilan la veille de Visteon (UsineNouvelle.com du 29/05). En revanche, Delphi pourrait sortir du Chapitre 11 où il se trouve depuis octobre 2005 grâce au fonds d’investissement Platinum Equity (UsineNouvelle.com et LesEchos.fr du 02/06.
Depuis début 2008, ce sont ainsi une cinquantaine d’équipementiers automobiles importants qui se sont rangés sous le régime du Chapitre 11 : selon une association professionnelle, un tiers des 4 000 équipementiers automobiles américains seraient confrontés à une « détresse financière imminente »