Conjoncture
La question des moteurs diesels divise au sein du gouvernement. Dans une interview dimanche dernier sur Europe 1, Arnaud Montebourg a affirmé qu'il existait une réflexion sur cette question avec la préparation d'une « prime de conversion » car, pour le ministre du Redressement productif, le diesel est une des forces de l'industrie automobile française. Problème : sa collègue de l'Ecologie, Delphine Batho, veut en finir avec une technologie qu'elle accuse de tuer 40 000 personnes en France chaque année. La question de la conversion du parc automobile français a en effet été récemment posée par un rapport de la Cour des comptes qui fait état d'un manque-à-gagner pour l'Etat de 7 milliards d'euros du fait d'une fiscalisation avantageuse par rapport à l'essence (LaTribune.fr du 03/03). PSA et Renault ont, pour leur part, rappelé que le diesel était stratégique pour eux. Le premier estime que le problème de la nocivité ne se pose plus depuis l'obligation des filtres à particules (LaTribune.fr du 05/03). De son côté, Carlos Ghosn se demande si « au moment où l'Europe s'enfonce dans une crise, c'est vraiment le moment de réduire la compétitivité du diesel en changeant les règles ». En revanche, le conseiller Vert de Paris Yves Contassot « pense qu'Arnaud Montebourg devrait de temps en temps ouvrir les yeux et ses narines pour savoir un peu ce qui se passe. On est au énième jour d'affilée de pollution à Paris, qui sont liés aux particules fines qui sont émises notamment par le diesel. [M. Montebourg] est l'homme des grandes formules, mais ce n'est pas quelqu'un de très sérieux sur ces questions-là (...). Il faut sortir du bonus donné au diesel, qui est une catastrophe sanitaire mais aussi (...) économique. La France est obligée d'importer du diesel parce qu'elle n'en fabrique plus, alors qu'on fabrique de l'essence dont on ne sait pas quoi faire. [Le ministre] défend un problème industriel mais il se trompe. Aujourd'hui, pour défendre l'emploi dans le secteur automobile, il faut aller vers de nouveaux véhicules » (UsineNouvelle.com du 04/03). Parmi les autres réactions, notons celle de la députée UMP de Haute-Savoie Virginie Duby-Muller, pour qui une taxe gazole nuirait au décolletage (blog du décolletage du 05/03). Finalement, M. Montebourg a assuré mardi qu'il n'y aurait « pas de décision en 2013 » sur le sujet (Les Echos du 06/03).
Malgré le retour en forme des trois grands constructeurs nationaux, Detroit, la Mecque de l'automobile américaine, est dans une situation financière épouvantable et pourrait être mise sous tutelle prochainement (LaTribune.fr du 28/02).
D'après LaTribune.fr de lundi, la Chine devrait rattraper les États-Unis en 2016 comme premier marché mondial automobile haut de gamme. Audi, Mercedes et Porsche y sont très implantés.
Constructeurs
La CFE-CGC et FO qui, ensemble, dépassent largement les 30% de voix requis pour valider le texte, ont finalement donné leur aval au projet d'accord visant plus de compétitivité et de flexibilité dans les sites français de Renault. Premier du genre au niveau d'un groupe dans l'Hexagone, il pourrait devenir une référence en la matière, ce type d'accord étant jusqu'alors négocié et signé site par site. La signature interviendra après la présentation du projet en comité central d'entreprise le 12 mars. Si elle y prévoit la suppression de 8 200 postes d'ici 2016 via des départs non renouvelés, une augmentation du temps de travail de 6,5% par an, le gel des salaires en 2013 et la mutualisation des fonctions support, la direction s'engage à « une activité minimum » de 710 000 véhicules en France et à conserver toutes les usines, en rapatriant notamment des productions du Portugal et de Turquie (Challenges.fr du 06/03). Avec une nouvelle organisation également à Moscou, où les salariés ont accepté de travailler 11 heures quotidiennement durant 4 jours en échange de hausses de salaires et de primes, le constructeur compte battre un nouveau record de ventes en Russie cette année où Renault est la deuxième marque la plus populaire, derrière le russe Lada (LaTribune.fr du 06 et Les Echos du 07/03).
PSA a procédé le 28 février à une émission obligataire d'un milliard d'euros pour « conserver un niveau de sécurité financière » (LaTribune.fr du 28/02). La plus importante usine automobile française, son site de Sochaux, renforce de 300 postes ses ateliers pour fabriquer un nouveau véhicule. Ils seront ouverts aux salariés d'autres unités de l'usine, mais également à ceux d'Aulnay-sous-Bois et de Rennes, qui sont à reclasser (UsineNouvelle.com du 05/03).
Les syndicats d'Opel ont accepté la fermeture de l'usine de Bochum, réclamée par sa société mère General Motors, en 2016 (UsineNouvelle.com du 28/02). D'ici là, le constructeur s'est engagé à ne procéder à aucun licenciement économique en Allemagne (LaTribune.fr du 01/03).
« Jaguar Land Rover, propriété de l'indien Tata, veut produire... en Inde » titrait lundi LaTribune.fr. L'article explique que « depuis 2011, il ne réalise qu'un simple assemblage à partir de composants importés de Grande-Bretagne. Du coup, ses véhicules sont trop chers en Inde ».
L'agglomération grenobloise lancera en 2014, en partenariat avec Toyota et EDF, un système de micro-voitures électriques en libre-service (Les Echos du 06/03). Le japonais sera, pour la première fois depuis 2007, profitable en Europe sur son dernier exercice fiscal qui sera clos le 31 mars (LaTribune.fr du 06/03).
L'usine slovaque du coréen Hyundai-Kia a réalisé une production record l'an dernier de près de 300 000 véhicules et en prévoit autant cette année, malgré la crise. Le site affiche un bénéfice net de 155,5 millions d'euros (LaTribune.fr du 02/03).
Equipementiers / Sous-traitants
Sur le site Goodyear d'Amiens Nord, la CGC attaque la CGT, considérant que son projet de SCOP pour le site « trompe les salariés » (UsineNouvelle.com du 28/02).
Le japonais Bridgestone a annoncé mardi sa décision de fermer une usine de pneus à Bari, dans le sud de l'Italie, qui emploie 950 salariés (UsineNouvelle.com du 05/03).
Un accord a été signé le 27 février entre GMD, spécialisé dans le découpage-emboutissage, la tôlerie, la fonderie d'aluminium, les pièces plastiques en injection et le thermoformage, et Renault, principal client du fabricant de joints d'étanchéité Sealynx, pour la reprise de ce dernier, en redressement judiciaire depuis avril 2012. Il prévoit le maintien des 496 salariés du site de Charleval, dans l'Eure, ainsi que ceux de ses filiales roumaines et marocaines, soit 700 personnes environ. En 2011, l'indien Ruia l'avait racheté... avant de détourner les 5 millions d'euros de subventions versées par Renault, licencier 250 salariés et disparaître (UsineNouvelle.com du 28/02).
Les ingénieurs de Delphi ont manifesté à Illkirch vendredi dernier pour dénoncer les plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) touchant ce site du Bas-Rhin et celui de Villepinte, qu'ils qualifient de licenciements boursiers (UsineNouvelle.com du 01/03).
Revue de presse automobile du 13 mars 2013 éditée par l'équipe du MIDEST