Conjoncture
Selon l’Association internationale du transport aérien, l’IATA, les compagnies aériennes ont perdu 8 milliards de dollars en 2008, soit 6,35 milliards d’euros, plus de la moitié de ces pertes ayant été enregistrées au quatrième trimestre. Ce résultat est le troisième plus mauvais de l’histoire de l’association, après ceux de 2001 et 2002, post-11 septembre. Pour résister, les compagnies réduisent généralement leurs capacités pour se calquer sur la baisse de la demande, mais celle-ci ne cesse de s’aggraver. Pour 2009, l’IATA anticipe ainsi des pertes de 2,5 milliards de dollars (LesEchos.fr et UsineNouvelle.com des 02 et 03/03).
Les compagnies ne sont pas les seules à pâtir de la baisse du trafic aérien. D’après LesEchos.fr du 17 février, les grands aéroports remettent également en cause leurs projets de développement.
Avionneurs
Mauvaises surprises pour Airbus. L’A400M a du (gros) plomb dans l’aile. Selon le Spiegel, l’Allemagne, échaudée par les retards à répétition, pourrait en effet se retirer du programme (LaTribune.fr du 02/03). En Grande-Bretagne et pour la même raison, le comité de la défense de la Chambre des communes a également appelé le gouvernement à envisager un abandon (LesEchos.fr du 27/02). Cerise sur le gâteau, selon La Tribune, le programme, qui vient de se doter d’un nouveau responsable (UsineNouvelle.com du 26/02), pourrait avoir 5 et non plus 4 ans de retard (LaTribune.fr du 23/02).
Airbus a par ailleurs annoncé qu’il allait abaisser la cadence de production de ses moyens-courriers A320 et renonçait à augmenter celles initialement prévues de l’A330 et de l’A340, sans que cela n’ait « aucun impact sur le personnel », selon Thomas Anders, son Président (UsineNouvelle.com, Challenges.fr et LaTribune.fr des 19 et 20/02). De meilleur augure, Korean Airlines compte acheter six A330 pour 1,06 milliard de dollars entre 2010 et 2013 (LesEchos.fr des 26 et 27/02). Enfin, Eurocopter a signé un contrat pour fournir quinze hélicoptères à la Marine japonaise (UsineNouvelle.com du 02 et LesEchos.fr du 03/03).
De son côté, Boeing, qui vient d’enregistrer la 33ème annulation de commande de son 787, son futur long-courrier (LesEchos.fr du 20/02), a remis les clés du premier exemplaire du 777 Freighter à Air France, sa compagnie de lancement (LesEchos.fr du 23/02). Il a par ailleurs reçu commande, avec Lockheed Martin, de 16 avions de transport militaire pour 2,9 milliards de dollars de la part des Emirats arabes unis (LaTribune.fr du 24/02). Ces derniers avaient un temps envisagé d’avoir recours à l’A400M, avant d’être apparemment échaudés par les retards à répétition du programme (L’Usine Nouvelle du 05/03).
Face aux difficultés actuelles, LExpress.fr du 17 février souligne que l’aide au financement apportée par Airbus et Boeing à leurs clients pour l’achat de leurs appareils marquera un tournant en 2009. Avec 1,2 milliard de dollars en 2008, la contribution de l’avionneur européen marquait en effet un niveau historiquement bas, alors que son concurrent américain n’a, quant à lui, pas déboursé un cent l’an passé, et ce depuis… 2006 !
Face aux difficultés en Amérique du Nord, son principal marché, l’avionneur brésilien Embraer, troisième constructeur mondial derrière les deux grands, spécialisé dans les jets de 70 à 120 sièges, mise sur la clientèle latine, réduit les investissements et supprime plus de 4 000 emplois, soit 20 % de ses effectifs (LesEchos.fr, LaTribune.fr et UsineNouvelle.com des 18, 19 et 20/02).
Bonne affaire en vue pour Dassault ? A l’occasion de la visite dans leur pays de Nicolas Sarkozy, les autorités koweïtiennes se sont déclarées intéressées par l’achat d’une vingtaine de Rafale. Le sultanat d’Oman et les Emirats arabes unis seraient également sur les rangs (LesEchos.fr et LaTribune.fr du 12/02). De quoi consoler le constructeur qui, malgré sa livraison de 72 Falcon en 2008, enregistre une baisse de 8,2 % de son chiffre d’affaires sur l’année (LesEchos.fr des 25 et 26/02).
Compagnies
Zone de turbulences pour Air France-KLM qui va supprimer de 1 000 à 1 200 postes cette année en bloquant les embauches et en ne remplaçant pas les départs en retraite. Ils s’ajoutent aux 2 000 emplois disparus en 2008. D’octobre à décembre, le groupe a en effet enregistré une perte d’exploitation de 194 millions d’euros (Liberation.fr, LeMonde.fr, LeFigaro.fr, UsineNouvelle.com et LeParisien.fr du 13/02). Il annonce également une nouvelle réduction de son programme d’investissements, même s’il table sur un résultat d’exploitation positif pour l’exercice 2008/2009 (LesEchos.fr du 13/02). Des reports de livraison sont également au programme (LesEchos.fr du 16 et UsineNouvelle.com du 17/02), notamment pour les A380 (LaTribune.fr du 02 et UsineNouvelle.com du 03/03). Toutes ces mesures semblent avoir rassuré ses actionnaires (LaTribune.fr du 13/02). Le transporteur ne se laisse cependant pas abattre et déclare étudier le dossier de reprise de la compagnie tchèque CSA, en cours de privatisation (LesEchos.fr et LaTribune.fr du 25/02 et du 03/03).
Très pénalisée par la hausse du prix du carburant, Iberia enregistre une baisse de plus de 90 % de son bénéfice net en 2008 (LaTribune.fr et LesEchos.fr du 27/02) et British Airways anticipe d’ores et déjà des pertes sur son exercice 2009-2010 (LaTribune.fr du 05/03).
Afin de s’adapter à la baisse de la demande dans le transport aérien, Singapore Airlines prévoit de réduire ses capacités de 11 % sur l’exercice 2009-2010 (LesEchos.fr et LaTribune.fr du 16/02).
A contrario, comme le soulignent LesEchos.fr du 20 février, pour Emirates, « le synonyme de ‘crise’ est ‘opportunité’ ». A l’inverse de ses consoeurs, la compagnie de Dubaï prévoit d’augmenter ses capacités en 2009 pour leur prendre des parts de marché et exclut toute annulation ou report de commandes. Son principal atout : une flotte jeune, l’absence de taxe nationale et 20 années de profits ininterrompus qui lui permettent un différentiel de coûts substantiel par rapport à ses concurrents.
Autre compagnie flirtant allègrement avec la crise, Ryanair discute avec Airbus et Boeing pour une possible commande de 200 avions livrables à partir de 2013 et qui pourrait atteindre 7 milliards de dollars (LesEchos.fr du 17 et UsineNouvelle.com du 18/02). En attendant, tout est bon pour faire des économies : selon LaTribune.fr, son PDG envisage de faire payer l’usage des sanisettes à bord de ses avions. Ce qui inspire cette remarque caustique du journaliste : « reste à espérer pour Michael O’Leary que les passagers ne se mettent pas à renoncer à se payer un verre à bord pour ne pas avoir ensuite à financer l’usage des toilettes »…
Fournisseurs
Latécoère enregistre un très beau chiffre d’affaires 2008 de 683,9 millions d’euros, en hausse de 39,8 %. Pour 2009, il table sur 530 millions d’euros (UsineNouvelle.com et LaTribune.fr du 16/02). Il a par ailleurs touché 104 millions d’euros de la part d’Airbus en paiement anticipé sur les développements de l’A380, le constructeur ayant promis de faire un geste pour compenser les problèmes de trésorerie causés par les retards pris par l’avion (L’Usine Nouvelle du 19/02).
Prévoyant, Safran, qui publie un chiffre d’affaires 2008 en hausse de 1 % et 798 millions d’euros de bénéfice d’exploitation, annonce le déploiement d’un programme de réduction des coûts destiné à lui permettre d’affronter la crise (LesEchos.fr, LaTribune.fr et UsineNouvelle.com du 18/02).
Daher, également présent dans l’automobile, est le second fournisseur à profiter, après Valeo (voir rubrique « automobile »), du Fonds Stratégique d’Investissement (FSI), aux côtés des fonds Aerofund. En tout, 80 millions d’euros lui sont ainsi apportés (LesEchos.fr et UsineNouvelle.com du 04/03).