Arve Industries
La coupe et les machines auto-adaptatives
Le programme Coupe propose de rassembler un ensemble de partenaires autour du projet MAAT sur un double objectif : d'une part, concevoir une machine auto adaptative qui améliorera la productivité, d'autre part faire progresser l’entreprise dans sa connaissance technique de l’usinage.
Les PME d'usinage et de décolletage n'ont pas souvent les moyens d'avoir un bureau des méthodes important, trop souvent considéré comme non directement productif. La définition des processus d’usinage, et leurs suivis, sont ainsi déportés sur les techniciens d’atelier qui sont déjà surchargés. A une époque où il faut gagner sur tout pour rester concurrentiel, où l'on parle d'une perte du "savoir usiner" qui entraînerait inéluctablement la perte du "savoir concevoir" dans les prochaine années, Roger Busi du CTDEC mentionne la nécessité d'avoir une vision globale de problématique de l'usinage.
"A la lecture du contexte actuel, il apparaît clairement qu'il est indispensable de fournir aux techniciens des ateliers de production, une aide technologique directement au pied des machines de production ".
- Notre région possède une réelle science de l'usinage. Nous sortirons de nos difficultés économiques et des spirales d'externalisation par la productivité et la technicité en réalisant des usinages plus difficiles dans de meilleures conditions. (Christian Deville-Cavellin - Ugitech)
Le projet MAAT (Machines Automatiques à Auto-adaptation Technologique) doit permettre d’augmenter la productivité globale des entreprises de 20 à 30%. Celles-ci disposeront alors de machines "intelligentes" instrumentées avec des capteurs discrets, dont les sorties pourront (à terme) agir directement au niveau de la commande numérique pour optimiser la coupe.
Le projet MAAT pose les bases d’une approche pragmatique et structurée de la coupe des métaux. Cette approche est à son tour structurante en termes de connaissance de l’usinage et de capitalisation du savoir-faire associé. Quoiqu'à l’heure actuelle, le processus de coupe reste encore une nébuleuse, MAAT s'appuie sur la méthodologie du Couple Outil-Matière (COM), normalisée depuis quelques années (norme NF E 66-520), qui apparaît comme la seule approche utilisable industriellement.
- La région possède les meilleurs spécialistes européens de la coupe et une réelle compétence en sous-traitance d'usinage.Saurons-nous garder et affirmer ces savoir-faire ? (Roger Busi - CTDEC)
Le projet MAAT a l'ambition d'être un outil fédérateur de la technologie. Il fait le lien entre les différents maillons de l’usinage (machinistes, fabricants d’outils, fabricants de CN…). D'une durée de 3 à 5 ans, il se propose de fournir des "délivrables" utilisables industriellement pour la profession.
La diffusion des acquis de MAAT nécessite un outil efficace : le Centre d'Etude en Coupe Appliquée (CECA). Cette plateforme technologique permettra d'une part d'étudier la Coupe d'une manière pragmatique. Il sera doté de moyens d'essai pour tester de nouvelles méthodes de coupe, d'une assistance technique, et surtout de la capacité de faire de la diffusion.
MAAT est porté par le CTDEC, Bagur Consulting, l'ESIA, Thésame et un ensemble d'entreprises pilotes qui effectueront sa validation.
- MAAT représente une bonne opportunité d'augmenter notre niveau de compétence sur la coupe des métaux et d'apporter un avantage concurrentiel décisif à la profession du décolletage. (CTDEC)
Intervenir sur l'ensemble de la chaîne d'usinage
Philippe Lemaire, responsable R&D - Tivoly
«Les décolleteurs et usineurs doivent travailler de plus en plus dans des conditions extrêmes. Pour être plus productif, il faut être plus rapide, mais la moindre dérive de l'un des paramètres de coupe génère des défauts, et il est nécessaire de trouver les moyens de maîtriser les process en intervenant sur l'ensemble de la chaîne d'usinage. Dans l'usinage, il n'y a pas (ou peu) de compétences, pas d'école, peu d'outils de modélisation. Ce ne sont que des compétences par empirisme et l'expérience est parfois pauvre devant les conditions de coupe "sévères" d'aujourd'hui. Face aux contraintes économiques, à l'exigence de réduction des temps et des coûts et aux spécifications demandées très serrées, il y a une vraie nécessité d'un grand projet de recherche appliquée sur la Coupe. »
Sortir la meilleure productivité d'une opération d'usinage
Christian Deville-Cavellin - Ugitech
Dans la science des matériaux, l'usinage est la discipline la plus mal connue. Les usineurs maîtrisent assez bien leurs machines, mais il y a de nombreux paramètres qui interviennent lorsque l'outil mord l'acier, d'autant qu'ils connaissent assez mal les capacités intrinsèques des matériaux du marché. Au sein du projet MAAT, l'idée serait de fournir un ensemble logiciel-machine capable de prodiguer des conseils de base pour aller directement aux conditions de coupe optimales. Le donneur d'ordre indique la nuance d'acier et la définition de la pièce et on peut espérer qu'une machine intelligente sache déterminer les conditions de coupe : vitesse, avance, type d'outillages, fréquence de changement d'outil, type de lubrifiant, etc… Cette assistance au pied de la machine est indispensable pour sortir la meilleure productivité possible d'une opération d'usinage.
Aider les décolleteurs à mieux exploiter leurs compétences
Damien Cally, responsable production - Cally Abert
« Pour nous, PME de décolletage CN, l'intérêt du projet Coupe est d'améliorer notre rentabilité et nos compétences en terme de qualité d'usinage. Nous sommes confrontés à un manque de main d'œuvre vraiment qualifiée. Cet outil doit aider les jeunes à avoir une meilleure idée du couple outil-matière et les régleurs à mieux exploiter leurs outils. Il nous permettra également de vérifier que nos productions sont bonnes en temps réel, "au pied de la machine. »
Une machine instrumentée qui assiste le Bureau des Méthodes
Jean-Pol Pia, Chef de projet - Thevenet Technologies
« Les demandes de nos clients évoluent vers des pièces complexes et des matériaux exotiques. Pour calculer nos productions au coût le plus juste, ce sont les bases de données de MAAT qui m’intéressent en premier lieu. La machine instrumentée devra les alimenter en trouvant les meilleurs paramètres de coupe correspondant à une situation donnée. C'est une évolution indispensable pour résister à la concurrence des pays émergents. »