En 2018 (voir le premier article ci-dessous) le MIDEST a rejoint GLOBAL INDUSTRIE.
En vedette cette semaine : les sous-traitants, le MIDEST 2009 et la crise
A l’occasion de sa visite mardi au salon Equip’Auto à Paris, le ministre de l’Industrie Christian Estrosi a demandé aux constructeurs automobiles et aux grands équipementiers d’être plus « solidaires » de leurs sous-traitants et de cesser de les mettre sous pression : « il faut en finir avec les comportements et les pratiques qui pèsent sur les relations au sein de la filière (…). Pour être plus forte, la filière doit être plus solidaire (…). Un certain nombre de donneurs d’ordres ont mis en place vis-à-vis de leurs sous-traitants une politique d’achat avec des objectifs à court terme (…). Nous devons mettre un terme à ces pratiques (…). Que les industriels français se disent que c’est sur les équipementiers français qu’ils doivent d’abord s’appuyer, et que les équipementiers se disent que c’est d’abord sur les sous-traitants français qu’ils doivent s’appuyer (…). Trop d’appels au secours me parviennent chaque semaine de sous-traitants déréférencés du jour au lendemain (…). Ce n’est pas admissible ». Le ministre s’est par ailleurs dit convaincu de la possibilité de « relocaliser certaines activités en France » (LesEchos.fr du 13/10).
Si l’intention est à saluer, il n’est pas sûr qu’elle soit suffisante. Jautomatise de septembre / octobre dresse en effet un très bon résumé de la conférence de presse MIDEST du 18 septembre dernier : « Guy Métral, le président du MIDEST, le rappelle : ‘la sous-traitance se bat, partout en France. Mais malgré le combat, la situation est fragile (…). Il n’y a pas eu beaucoup de projets en 2009, nous pouvons donc nous attendre à une reprise, si elle a lieu, aussi dure que la crise’ (…). Pourtant la sous-traitance reste un élément indispensable pour soutenir une reprise. Yvon Jacob [Président de la Fédération des Industries Mécaniques] rappelle ‘qu’on ne peut pas envisager une industrie française sans sous-traitants français, et les donneurs d’ordres l’ont oublié, et ils ont toujours tendance à l’oublier’. La sous-traitance ne peut être une variable d’ajustement. Car si les constructeurs automobiles vont mieux, il n’en est pas de même pour la sous-traitance qui, en 2008, affiche une chute d’environ 40 %. Si les ventes d’automobiles sont reparties, ce sont essentiellement de petits véhicules qui sont vendus, seulement ces derniers sont fabriqués à l’étranger. Un choix politique des constructeurs qui a déstabilisé les sous-traitants. Parmi ceux qui ont mis la clé sous la porte, peu travaillaient uniquement pour l’automobile, une part de leur chiffre d’affaires était faite avec l’aéronautique ou le ferroviaire. Les sous-traitants de l’automobile qui disparaissent vont manquer aux autres secteurs industriels. Alors que faire ? Le gouvernement a bien annoncé, par la bouche de son ministre de l’Industrie, la mise en place d’une réunion sur la sous-traitance automobile, mais les organisations professionnelles restent dubitatives. Pourquoi uniquement sur l’automobile, les sous-traitants travaillant majoritairement dans plusieurs domaines ? Mais surtout, le ministère propose la mise en place d’un fonds d’aides. Comme Yvon Jacob l’explique : ‘il s’agit plutôt d’un sous-fonds, qui sera alimenté par les constructeurs automobiles’. Finie l’indépendance, ce serait un moyen de pression pour absorber le capital de PME sous-traitantes qui ne sont pas à vendre. Et quand bien même, comment serait calculée la base de valorisation des entreprises ? Et Guy Métral d’enfoncer le clou : ‘aider financièrement des entreprises, c’est bien, mais comment vont-elles rembourser ces aides, ces prêts, si les marchés partent à l’étranger ? Ce sont les commandes qui permettent de rembourser un prêt’. Les organisations professionnelles ne manquent pas d’idées : de l’application de la loi LME officiellement lancée en 2009 et détournée par de grands donneurs préférant passer les commandes via une société installée à l’étranger pour garder des modes de paiement à 90 jours, à (…) la fameuse Taxe Professionnelle dont les modalités ne sont pas encore bien définies… Des sujets qui pourront être discutés durant le salon qui, n’en doutons pas, sera visité par l’ensemble de nos dirigeants qui viendront au contact des 1 700 entreprises présentes (…). Le secteur de la sous-traitance souffre mais les acteurs seront pratiquement tous présents ».
En général…
Sous l’effet de la prime à la casse, la production industrielle française a bondi de 1,9 % en août sur un mois. L’automobile enregistre une hausse de 18,2 % et la métallurgie de 5,6 %. Dans la zone euro, la progression est de 0,9 % en rythme mensuel, mais de – 15,4 % sur un an, avec – 10,3 % pour la France (UsineNouvelle.com du 09 et du 14/10).
C’est dans ce contexte mitigé que se sont ouverts jeudi les états généraux de l’Industrie destinés, selon Christian Estrosi, à faire du secteur « le moteur du redémarrage économique et de dessiner une nouvelle politique industrielle de la France ». Pas moins. L’Usine Nouvelle du 15 octobre allie d’ailleurs référence historique, ironie et irrévérence : « industriels grands ou petits, responsables de fédérations et syndicalistes sont convoqués ce jeudi à Bercy pour écouter Christian Estrosi. Voulus par le chef de l’Etat, les états généraux de l’industrie seront en effet orchestrés par l’omniprésent ministre. Il leur exposera sa méthode et son calendrier et leur fera savoir ce qu’il attend d’eux. Quelles priorités pour le grand emprunt ? Quelle vision du futur ? A la différence de la France de 1789, l’industrie de 2009 n’a ni clergé, ni noblesse, ni tiers état »…
A lire dans le même numéro de L’Usine Nouvelle : « L’Evénement » de la semaine, dédié au bras de fer actuel entre les banquiers et les PME.