En moins d'un mois, plusieurs grèves ont éclaté en Haute-Savoie dans des entreprises de la métallurgie, dépendant souvent de grands groupes internationaux. Elles ont eu en commun d'avoir été massivement suivies par les ouvriers qui ont, à chaque fois, fait très rapidement céder les patrons sur des augmentations de salaire très significatives.
La première a touché une des principales usines de décolletage de la vallée d'Arve, Frank et Pignard (groupe Autocam). Après trois jours de grève avec blocage de l'usine pour obtenir 200 euros d'augmentation, la direction lâchait 80 euros pour les ouvriers et les ETAM et revalorisait la prime de transport de 30 %.
Quelques jours après, à Rumilly, c'était au tour des ouvriers de Salomon, usine pourtant touchée par des licenciements, de se mettre en grève pour les salaires. En trois jours, ils obtenaient 75 euros et 23 % sur la prime de transport, ainsi que le paiement des deux tiers de la grève.
Puis presque en même temps, ce sont les ouvriers de Rencast à Thonon et ceux de Staubli à Faverges, au sud du lac d'Annecy, qui sont entrés en lutte.
Ceux de Rencast sont dans une situation particulièrement précaire. Le groupe est issu du groupe de fonderies Valfond, connu pour les liquidations progressives des usines et les licenciements qui allaient avec. Et en effet, depuis quelques mois, le site de Thonon est en redressement judiciaire. Les travailleurs ont exigé, par la grève, le déblocage de leur prime de participation 2003, craignant à juste titre qu'elle ne disparaisse dans une future liquidation. En trois jours, ils obtenaient gain de cause et, pour faire bonne mesure, ils obtenaient 30 euros de plus par mois et se faisaient payer les heures de grève !
Mais le succès le plus significatif a été obtenu par les ouvriers de Staubli qui, vendredi 11 avril dans la matinée, arrachaient 55 euros d'augmentation au 1er avril, plus 55 euros au 1er juillet, soit 110 euros pour 2008. C'est la somme exacte qu'ils avaient votée comme revendication au début de la grève, trois jours plus tôt.
Inutile de dire l'ambiance de l'assemblée où a été décidée la reprise : bon nombre pleuraient de joie, ne s'attendant pas à un tel résultat. Cette grève a été marquée par une ambiance combative et solidaire. Ce sont les jeunes qui en ont été les moteurs, mais jour après jour le nombre de grévistes augmentait, jusqu'à entraîner, le troisième jour, les employées de bureaux.
Les résultats de la grève chez Staubli, qui est une des entreprises les plus connues du bassin d'Annecy, y compris pour les montants élevés des participations et des intéressements versés à un personnel qualifié, ont fortement impressionné dans les autres entreprises de la région. Il n'est pas dit que cette succession de luttes s'arrête en si bon chemin !