Les sous-traitants, victimes collatérales de l'affaire PSA
Alors que la presse s'est largement répandue cette semaine sur les derniers développements de ce qu'il est convenu d'appeler « l'affaire PSA » (voir ci-dessous), rares sont les journalistes à s'être intéressés à ses conséquences sur les sous-traitants. Pourtant, pour les 8 000 emplois concernés directement chez le constructeur, il est légitime de se demander combien seront impactés chez ses fournisseurs. Ce que le site Internet de Marianne qualifie de « face cachée du plan ».
« La restructuration en cours chez PSA (...) risque de provoquer une onde de choc encore plus violente chez les sous-traitants, souvent des petites entreprises très vulnérables, reconnaît LaTribune.fr du 15 juillet. Toute suppression de poste chez un constructeur a un effet démultiplicateur chez les fournisseurs. Selon des données 2010 du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA), les activités de production de véhicules en France représentent en tout près de 600 000 emplois, dont seulement 160 000 dans la construction finale (...). Chaque emploi supprimé dans l'assemblage peut ainsi entraîner la perte de trois ou quatre emplois dans le tissu fournisseur (...). Les emplois menacés par ricochet sont par ailleurs souvent plus fragiles car les équipementiers -surtout ceux de rang 2 et plus, qui ne traitent pas en direct avec les constructeurs- ont rarement la taille critique pour parer à un ajustement brutal des commandes ».
Challenges.fr souligne néanmoins qu' « entre craintes et résignations, la plupart d'entre eux s'étaient préparés (...) à cette décision (...). Le secteur observe depuis plusieurs années une érosion de son activité. Entre 2007 et 2009, le chiffre d'affaires des sous-traitants affiche un recul de 6%. Rien que sur l'année 2009, la chute atteint -10%, précise la DGCIS, direction générale de la compétitivité de l'industrie et des services, qui estime à 39 000 le nombre d'emplois excédentaires pour l'ensemble des fournisseurs (sous-traitance et équipementiers) de l'industrie automobile française (...). "On ne peut pas vraiment lier la situation aux annonces de Peugeot, c'est un mouvement de fond, un marché qui va mal : PSA ne vient que prouver cela", reconnaissait un porte-parole de l'usine vosgienne de sous-traitance automobile TRW qui s'est déclarée mardi en cessation de paiement (...). Si elle n'est pas surprenante, cette annonce permet en tout cas de libérer un certain nombre de rancœurs accumulées ces dix dernières années. "Avec PSA, on a un problème d'interlocuteurs. Les ingénieurs avec qui nous traitons ne sont intéressés que par leur ascension professionnelle – venant des grandes écoles, on leur a dit qu'ils étaient les meilleurs. - Ce système de caste a depuis longtemps détruit la notion de vrai partenariat", raconte un fournisseur (...). La fermeture d'Aulnay n'a "aucune conséquence, car on le sait depuis 3 ou
4 ans", admet ce patron de PME qui, du coup, a pris la décision à la même époque de se diversifier vers d'autres secteurs. Dans les discussions avec Bercy, la priorité est donc de reconstruire le partenariat. "La solution serait de nous aider à nous développer, à nous apprendre à chasser en meute et aller attaquer un marché étranger, comme le font en Allemagne les grands groupes avec les PME" (...). Le ministre du Redressement productif (...) a annoncé la semaine dernière qu' "il était trop tôt pour donner des informations" sur les mesures à prendre pour soutenir la filière de la sous-traitance. Il s'en remettra d'abord aux conclusions des experts mandatés par son ministère. Quant à une redéfinition des partenariats entre grands groupes et PME, demandée par de nombreux sous-traitants (...), la Médiation inter-entreprise, qui est l'un des organismes d'Etat habilité à le faire, a précisé à Challenges "ne pas avoir été encore sollicité" par Bercy ».
Edité par l'équipe du MIDEST