Conjoncture.
Dans une analyse parue dans LesEchos.fr du 2 décembre, Bruno Trevidic souligne que « Le transport aérien est un peu à l’économie mondiale ce que les canaris étaient aux mines de charbon. Quand ils arrêtaient de chanter et mouraient, c’était le signe d’un coup de grisou imminent. La crise économique actuelle n’a pas dérogé à la règle. Plusieurs mois avant son éclatement, le transport aérien commençait déjà à battre de l’aile (…). Toutes les compagnies ont perdu des plumes (…). Le nombre de faillites de transporteurs aériens (NDR : 39 depuis janvier 2008) pourrait encore doubler d’ici à la fin de l’hiver. Mais, en dépit de cette hypersensibilité aux coups de grisou de l’économie mondiale, les compagnies aériennes, comme les canaris, ne sont pas une espèce en voie de disparition. Comparé à tous les secteurs « mondialisés », le transport aérien se caractériserait même par l’importance de sa population et sa capacité de récupération (…). Par ailleurs, si le transport aérien a la réputation d’être une activité cyclique (…), ses périodes de crise sont en réalité rares, courtes et de bien moindre ampleur que ses périodes de croissance (…). La crise actuelle ne devrait pas faire exception ». Les sous-traitants qui se battent bec et ongles dans un contexte économique volatil peuvent donc espérer des lendemains qui chantent !
Or, pour l’instant, si les avionneurs comme les transporteurs s’efforcent de ne pas annuler leurs commandes d’appareils, force est de constater que les demandes de report de livraison se multiplient, y compris de la part des compagnies les plus solides : Air France-KLM, Iberia… Mais, soulignent LesEchos.fr du 1er décembre, « le plus inquiétant pour Airbus comme pour Boeing serait une possible décision du gouvernement chinois de rééchelonner ses commandes record des deux dernières années. Le marché chinois absorbe en effet à lui seul 15 % de la production d’Airbus (…). La décision pourrait être annoncée dès cette semaine. Depuis le début de l’année, les compagnies chinoises, confrontées elles aussi à un fort ralentissement du trafic, ont en effet accumulé pour 758 millions de dollars de pertes ».
Avionneurs.
Si on ne cède pas encore à la panique chez Airbus, on accumule par contre les contretemps. La délégation européenne pour l’armement a ainsi informé le gouvernement allemand qu’elle prévoyait un retard d’au moins 18 mois pour les livraisons de l’avion de transport militaire A400M (LesEchos.fr du 28/11). Mais la solidarité européenne semble jouer : les pays clients vont ainsi analyser avec EADS comment « simplifier le programme » et, éventuellement, « ne pas exiger une partie des pénalités financières prévues dans le contrat » (LesEchos.fr du 02/12). Dans la même malencontreuse série, EADS pense que la livraison de son premier tanker en Australie sera retardée mais que les 4 prochains avions seront dans les temps (LesEchos.fr du 27/11). L’industriel enregistre néanmoins une bonne nouvelle avec la commande par le Pentagone de 39 hélicoptères pour l’US Army, pour un montant de 165 millions d’euros (LaTribune.fr et UsineNouvelle.com du 03/12).
Compagnies.
Si le nouveau numéro un américain du transport aérien Delta Air Lines va réduire ses capacités de 6 à 8 % en 2009 pour s’adapter à la récession et à la baisse de la demande (LesEchos.fr du
02/12), la tendance en Europe est à la fusion.
Ainsi, LeMonde.fr du 1er décembre, dans un article titré « Lufthansa affiche une réussite insolente », revient sur le parcours quasi exemplaire de la compagnie allemande ces derniers mois : rachat de British Midland au Royaume-Uni, négociations pour l’acquisition à 100 % d’Austrian Airlines (LesEchos.fr du 03/12), lancement prudent d’une nouvelle compagnie en Italie… De son côté, British Airways, qui poursuit ses discussions avec Iberia, réfléchit également à une fusion avec la compagnie australienne Qantas (LeMonde.fr, UsineNouvelle.com et LesEchos.fr des 02 et 03/12). Il est vrai que le transporteur anglais, qui enregistre une baisse de 7,8 % de son nombre de passagers en novembre, a besoin de se relancer (LesEchos.fr du 03/12).
Le mouvement touche aussi le low-cost. Lundi, Ryanair, dont le trafic est en hausse de 11 % en novembre par rapport à 2007 et qui, selon son directeur général, récupère des clients de British Airways grâce à ses tarifs plus bas (LesEchos.fr du 03/12), a lancé une offre d’achat sur Aer Lingus qui la rejetait le soir même, l’estimant sous-évaluée (LeMonde.fr, UsineNouvelle.com et LaTribune.fr du 01/12). Détenteur de 25 % des actions, l’Etat irlandais a néanmoins annoncé y réfléchir (LesEchos.fr du 03/12).
L’autre tendance de la semaine est la difficulté rencontrée par plusieurs compagnies européennes. Ainsi, d’après la presse espagnole, Iberia supprimerait, selon l’expression consacrée, « sur la base du volontariat », mille emplois au sol dans le cadre de son nouveau plan stratégique (LesEchos.fr du 03/12). De même, l’autorité italienne de l’aviation civile a fait savoir que la nouvelle Alitalia ne serait pas lancée le 1er décembre, comme prévu initialement, sans toutefois avancer de nouvelle date (LesEchos.fr du 27/11). Les choses ne s’arrangent pas non plus pour le finlandais Finnair qui s’apprête à mettre en chômage technique 2 000 hôtesses et stewards (LesEchos.fr du 02/12). Enfin, la compagnie aérienne à bas coût Sky Europe a réalisé un véritable piqué en doublant sa perte annuelle sur l’exercice 2007-2008, la portant à 59,4 millions d’euros, en raison selon elle de la hausse des prix du carburant (LaTribune.fr du 30/11).
Par l'équipe du MIDEST – du 17 au 20 novembre 2009