Spécial élection présidentielle
Lors de son discours du Bourget dimanche dernier, François Hollande a déclaré : « le redressement industriel (...) sera ma priorité ! ». Dans les faits, il propose de mettre en place une banque publique d'investissement pour accompagner le développement des entreprises stratégiques. Il promet aussi de favoriser la production dans le pays en orientant le financement « vers les entreprises qui investissent en France ». Il évoque également un livret d'épargne dédié au financement des PME et aux entreprises innovantes qu'il compte soutenir en élargissant le Crédit Impôt Recherche, en baissant l'impôt sur les sociétés et en créant une agence pour les PME. En revanche, les entreprises qui délocalisent devront rembourser « immédiatement les aides publiques reçues ». Il insiste enfin sur la recherche et l'innovation sans lesquelles « il n'y a pas d'industrie forte. C'est tout l'avenir de notre nation qui se joue là ! » (UsineNouvelle.com du 23/01).
Jeudi, le candidat du parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, s'est livré à un véritable road-trip industriel en Territoire de Belfort, avant de conclure sa journée par un meeting à Besançon. Une démarche organisée comme une réponse directe au Front national qui séduirait de plus en plus l'électorat ouvrier : « ne vous laissez pas berner par tous ceux qui prétendent que le problème, c'est l'immigré et pas les banquiers. Le problème, c'est bien le banquier ! Le Front national est une honte pour la classe ouvrière ». Fort loin de l'Internationale, il en a également profité pour dénoncer « la responsabilité de ceux qui trahissent la patrie, qui captent des aides pour faire de la délocalisation ! ». Quant à son programme industriel, « il va coûter de nombreux milliards d'euros mais il en rapportera encore plus aux caisses de l'Etat et aux poches des salariés ». Il l'appuie sur... l'écologie : « c'est parce que l'on a une conscience écologique que l'on va réindustrialiser la France. Quel sens cela a-t-il de produire des scooters en Chine pour les ramener en France ? Nous serons la grande industrie du XXIe siècle, une industrie écologique et sociale ! » (UsineNouvelle.com du 24/01). Parmi ses autres propositions : la création d'un pôle financier public, le développement des services publics, le veto suspensif du comité d'entreprise sur les licenciements quand cette dernière est bénéficiaire, ou encore le droit de préemption pour les salariés quand un dirigeant vend sa société.
LeMonde.fr parle néanmoins de « rendez-vous manqué avec les ouvriers » car ceux-ci « étaient invisibles, au sens propre. Seuls quelques représentants syndicaux avaient fait le déplacement ». Cerise sur le gâteau, dès l'annonce de sa visite, l'usine PSA dans laquelle il se rendait a été fermée pour quelques jours par la direction...
L'Usine Nouvelle du 26 janvier titre en couverture : « Made in France – Discours, slogans... et réalités ». L'hebdomadaire confronte, dans une grande enquête, les visions de chaque candidat à la pratique.
Dans cette période où candidats, déclarés ou non, rivalisent de sollicitudes à l'égard du monde des usines, l'hebdomadaire relate cette anecdote amusante survenue lors de la visite du Président de la République dans un site isérois de SEB : « 'j'aurais préféré travailler ici plutôt que dans une banque, car c'est concret', a glissé Nicolas Sarkozy à l'oreille d'un salarié, avant de partir. 'Tu lui as dit que tu étais responsable du sourcing en Chine ?', a demandé à son tour un collègue, hilare » !
Edité par l'équipe du MIDEST