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Feuilleton Renault : résumé de la semaine

Ce qu’il convient de considérer de plus en plus comme un mauvais roman d’espionnage pour Renault a connu de nouveaux rebondissements cette semaine.

Face aux rumeurs, le directeur central du renseignement intérieur s’est tout d’abord efforcé de calmer le jeu. Il a ainsi indiqué le 3 mars que l’enquête « se poursuit » et que « tous les commentaires basés sur des ‘sources proches du dossier’ sont dénués de tout fondement ».  Néanmoins, le lendemain, dans un entretien au Figaro, le directeur général du groupe Patrick Pélata remettait le feu aux poudres en admettant qu’un « certain nombre d’éléments » amènent à « douter » d’une affaire d’espionnage. Il affirme que « si tous les doutes sont levés, nous proposerons la réintégration des trois cadres et (…) Renault sera très attentif à réparer toute injustice ». Néanmoins, qu’il s’agisse d’espionnage ou de manipulation, « dans les deux hypothèses, l’entreprise est victime » selon lui. Quelle que soit l’issue, « quand l’enquête sera terminée, nous en tirerons toutes les conséquences jusqu’au niveau le plus haut de l’entreprise, c’est-à-dire jusqu’à moi. Carlos Ghosn, président de Renault et Nissan, décidera et s’exprimera lorsque l’enquête sera définitivement close et que le procureur en aura donné toutes les conclusions ».

En langage militaire, cela s’appelle sacrifier un fantassin pour protéger le général (LeFigaro.fr parle même de « sacrifice programmé »…). Et ce alors que Carlos Ghosn n’avait pas hésité à évoquer ses « certitudes » et « preuves multiples » au 20 heures de TF1. Il n’est pas sûr qu’il s’en sorte à si bon compte, le cas échéant. Ainsi, pour le vice-président UMP de l’Assemblée nationale, « on ne peut pas proférer des accusations publiques aussi graves sans disposer de preuves irréfutables.  Je trouve ces méthodes choquantes et brutales (…). S’il est avéré que les trois salariés n’ont pas trahi leur entreprise, le PDG de Renault devra prendre ses responsabilités en s’excusant publiquement ou en présentant sa démission ». La ministre de l’Economie Christine Lagarde a, pour sa part, affirmé que « la plus importante des priorités » est la recherche de la vérité et qu’elle « en tirera toutes les conséquences au niveau des responsabilités, y compris en ce qui me concerne » (LeMonde.fr, Challenges.fr, Les EchosLeFigaro.fr, UsineNouvelle.com et LExpress.fr des 03, 04, 05 et 07/03).

A la suite de la parution de l’interview de Patrick Pélata, l’un des cadres mis en cause, Michel Balthazard, contre-attaquait dans un entretien au Figaro. Il demande que « l’entreprise reconnaisse publiquement [son] innocence ». Il compte demander une compensation financière à la « hauteur de l’épouvantable préjudice subi » et refusera d’être réintégré dans la société :
« retravailler dans ce cadre-là, avec des gens qui ont affirmé leur conviction que j’étais coupable, m’est tout simplement inimaginable » (Le Figaro et UsineNouvelle.com du 07/03).

Mercredi, c’était au tour du Canard Enchaîné d’apporter sa pierre à cet édifice pour le moins branlant. Selon l’hebdomadaire satirique, l’auteur de la lettre anonyme à l’origine de l’affaire aurait reçu 250 000 euros pour son enquête, en attendrait 200 000 autres et en réclamerait 900 000 pour apporter des preuves écrites. Les responsables de la sécurité de Renault se refuseraient à dévoiler son identité (Liberation.fr et LeFigaro.fr du 08, UsineNouvelle.com du 09/03).

Au-delà des faits, plusieurs journalistes s’interrogent cette semaine sur les conséquences de l’affaire, au-delà de celles sur les ventes du constructeur, impossibles à évaluer pour le moment.  Dans son éditorial paru dans Les Echos du 4 mars intitulé « Renault : retour de bâton », David Barroux décrit les deux conséquences les plus néfastes auxquelles l’attitude de ses dirigeants a exposé le groupe et le pays : « si les faits ne donnent pas très rapidement raison à Carlos Ghosn, le PDG, et Patrick Pélata, le DG, ceux-ci verront leur autorité s’affaiblir auprès de leur troupes. Or, une entreprise a ceci de commun avec une armée : pour avancer, elle doit faire confiance à ses chefs. Aujourd’hui, leur crédibilité est diminuée (…). Enfin, en accusant, même indirectement, la Chine d’être à l’origine de cet espionnage, Renault a peut-être joué contre les intérêts français dans ce pays qui fait figure de locomotive de l’économie mondiale ».

Même son de cloche du côté d’UsineNouvelle.com. Pour Thibaut de Jaegher, « quoi qu’il arrive, quelles que soient les responsabilités des uns et des autres ou les conclusions de l’enquête menée par la DCRI, l’Affaire laissera des traces. Et plusieurs personnes, dans l’entreprise, en paieront les pots cassés (…). D’abord et avant tout, les premières victimes de l’affaire, ce sont les trois cadres (…). La suite de leur vie professionnelle dans le secteur est clairement compromise.  Admettons que Renault [les] réintègre (…), une fois innocentés. Quel sera le regard de leurs anciens collaborateurs ? Quel sera le niveau de leur engagement ? Comment pourront-ils aller donner de leur temps et de leur personne à une entreprise qui, disent-ils, les a diffamés (…) ? Qui prendra le risque de les recruter ? Même blanchis par la justice, on peut penser qu’ils seront victimes de suspicions (…).
Dans un second temps, les bataillons d’ingénieurs de Renault paieront aussi les conséquences (…). Le niveau de confiance qu’ils accordent à leur hiérarchie risque d’être sérieusement entamé.  Et leur engagement dans les programmes que le constructeur entend mener à bien pourrait être limité. Quelque part, même s’ils ont trouvé légitime que les dirigeants prennent leurs responsabilités au moment où les soupçons d’espionnage sont sortis, ils s’interrogent en privé : "Hier, c’est tombé sur des collègues mais, demain, cela peut être moi". A terme, ces craintes (si elles ne sont pas calmées) peuvent être le moteur d’une démotivation généralisée [un article paru dans LeFigaro.fr du 4 mars et un autre dans Les Echos du 7, réalisés à partir d’interviews d’employés, donnent raison à cette analyse, les salariés interrogés, plus favorables à Patrick Pélata, n’hésitant pas à demander la tête de Carlos Ghosn. Et L’Usine Nouvelle du 10 mars se demande, sur une double page, comment « rétablir la confiance » en interne].

Enfin, le top management de Renault devra tirer toutes les conséquences de cette histoire. A la manoeuvre depuis les premiers jours, ils ont visiblement manqué de discernement et ont peut-être péché par précipitation (…). Si l’affaire d’espionnage se révèle être une manipulation, le constructeur français risque de se séparer de quelques cadres de haut niveau. En plein lancement d’un ambitieux (mais risqué) programme de véhicule électrique, une telle déstabilisation peut être ravageuse ».



Edité par l'équipe du MIDEST
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